"La nouvelle ministre des Droits des Femmes ne pense qu’à une chose, c’est de démanteler le 3919" af

30 novembre 2020 à 18h20

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    19 min 11 sec

      30 novembre 2020 - 19 min 11 sec

      "La nouvelle ministre des Droits des Femmes ne pense qu’à une chose, c’est de démanteler le 3919" af

      Quelques jours après la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, Pascale Boistard alerte sur le danger qui menace le 3919, le numéro d'appel national de référence pour les femmes victimes de violences . 

      "Le 3919 existait avant que j’arrive aux responsabilités. C’est un numéro d’accompagnement et de renseignement, pas un numéro d’urgence", précise l'ancienne secrétaire d'Etat en charge des Droits des Femmes, invitée de Radio Orient ce lundi 30 novembre. "C’est la fédération d’associations Solidarité Femmes qui s’en occupe". Sous le précédent quinquennat, ajoute-t-elle, "nous avons renforcé leurs moyens financiers parce que c’est nécessaire pour avoir une ouverture la plus large possible des horaires du standard."

      Rappelant que le personnel du 3919 est formé à un type d’écoute spécifique, elle estime qu'aujourd’hui, "la nouvelle ministre des Droits des Femmes ne pense qu’à une chose, c’est de démanteler le 3919".

      L'ancienne secrétaire d'Etat en veut pour preuve la décision "de soumettre à un marché public le 3919, ce qui signifie que des entités privées, à but lucratif, peuvent se substituer aux associations expertes d’aujourd’hui. Vous voyez le scandale qui est en train de préparer ! L’inefficacité qu’il y aura à changer ce système au lieu de le renforcer financièrement pour qu’il puisse être plus efficace pour régler les problèmes de ces femmes qui sont victimes des pires violences."

      Plus globalement, un an après le Grenelle contre les violences faites aux femmes, Pascale Boistard estime que le bilan d'Emmanuel Macron en matière d'égalité femmes est plutôt "peau de chagrin". Le président de la République en avait pourtant fait une des priorités de son quinquennat, ce qui était "extremement fort comme prise de décision. Les deux seuls progrès notables, selon elle : "le reversement des pensions alimentaires ou encore la mise en place d’un bracelet pour les auteurs de violence."

      L'ancienne secrétaire d'Etat note que "même les associations se plaignent d’avoir été moins soutenues qu’auparavant." A contrario, selon elle, d’autres pays en Europe, qui étaient en retard il y a quelques années sur la question des droits des femmes, sont aujourd’hui sont devant la France.

      Elle conseille de prendre modèle sur l’Espagne, où "des décisions fortes ont été prises, à la fois en termes budgétaires mais aussi en terme d’organisation de l’administration pour répondre aux violences faites aux femmes." Elle cite par exemple la création de juridictions spécifiques, les instructions extremement fortes données à la police et à la justice. L'Espagne qui est exemplaire aussi dans l’accompagnement des femmes, afin que la parole des victimes soit entendue.

      Résultat : il y a moins de féminicides en Espagne qu'en France. Le secret se cette réussite, selon Pascale Boistard : le gouvernement a mis les moyens budgétaires, plus d’un milliard d’euros, et a fait preuve de volontarisme politique. 

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      Pascale Boistard, ancienne secrétaire d’Etat aux droits des Femmes, ex-secrétaire d'Etat aux Personnes âgées, était l'invitée de PLURIEL. Emission diffusée le lundi 30 novembre 2020.