Syrie: le Parlement vote pour prolonger les frappes aériennes françaises

25 novembre 2015 à 17h13 par La rédaction

RADIO ORIENT
Les parlementaires devraient voter mercredi à une écrasante majorité la prolongation des frappes aériennes en Syrie, décidées début septembre par François Hollande et intensifiées depuis les attentats de Paris, même si la droite cherchera à critiquer la diplomatie présidentielle. Les députés dans l'après-midi, puis les sénateurs en début de soirée, sont amenés à se prononcer sur "la prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien", aux termes de l'article 35 de la Constitution qui prévoit que, lorsque la durée d'une intervention militaire excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement. Dans le nouveau contexte post-attentats, ce débat permettra une nouvelle fois à l'exécutif de confirmer que la France est bien "en guerre" contre le groupe Etat islamique. De fait, la diplomatie française a "évolué" en faisant de la lutte contre l'organisation jihadiste la priorité absolue, a reconnu récemment la présidente PS de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée Elisabeth Guigou. Dans cette situation, nul doute que, moins d'une semaine après le vote de la loi sur l'état d'urgence à une quasi-unanimité (551 voix pour, 6 contre et une abstention à l'Assemblée), la grande majorité des parlementaires voteront la poursuite de l'intervention française, comme c'est généralement le cas lorsque des militaires français sont engagés en opération. A l'Assemblée, seuls les dix députés Front de gauche ont annoncé qu'ils s'abstiendraient, continuant notamment de regretter que l'engagement des forces françaises ne se fasse pas formellement sous l'égide de l'ONU, selon leur chef de file André Chassaigne. Une "grande partie" des députés écologistes devrait voter pour, selon la co-présidente du groupe Barbara Pompili, comme la totalité des députés PS et radicaux de gauche. - La droite veut plus de coopération avec Moscou - Dans une position inconfortable depuis les attentats, hésitant entre unité nationale et critiques du gouvernement, le groupe Les Républicains - tout comme l'Union des démocrates et indépendants - soutiendra le "virage" de François Hollande. Mais il entend faire entendre ses réserves en demandant davantage de coopération avec la Russie. "Avec les Russes, se posera clairement la question des sanctions: je n'imagine pas qu'on ait une coalition avec les Russes, qu'on puisse échanger à la fois des renseignements, des données militaires, et en même temps qu'on maintienne les sanctions économiques", a expliqué mardi le chef de file du groupe LR Christian Jacob. L'ancien Premier ministre François Fillon, qui sera l'orateur du groupe dans le débat, va même plus loin et prône un soutien à l'armée de Bachar Al-Assad.  "Je considère que le régime syrien est nécessaire dans un premier temps pour battre l'Etat islamique", a encore répété M. Fillon mercredi matin. Une hypothèse exclue par François Hollande à Washington lors de sa conférence de presse avec Barack Obama. "Dès lors qu'il a été le problème, il ne peut pas être la solution", a souligné le président français. M. Fillon a également appelé à soutenir le Hezbollah, qui combat aux côtés de l'armée syrienne, une position qualifiée de "faute" par Claude Bartolone, président (PS) de l'Assemblée nationale, qui "rappelle que la branche armée de cette organisation est classée sur la liste noire du terrorisme de l'UE". Le vote des parlementaires intervient à la veille du déplacement de François Hollande à Moscou jeudi pour tenter de créer une "coalition" contre le groupe Etat islamique (EI), en dépit des divergences avec les Russes sur l'avenir du régime syrien. Majorité et opposition de droite devraient se rejoindre pour soutenir l'intervention de troupes au sol de forces de la région, mais sans soldats français, comme l'a encore exclu François Hollande à Washington.  "La France n'interviendra pas au sol, ce sont les forces locales que nous allons accompagner, que nous aidons déjà depuis plusieurs mois qui vont faire ce travail au sol, une fois que nous aurons porté les coups qui permettront à ces forces-là d'agir", a déclaré M. Hollande en référence aux frappes aériennes. AFP