SYRIE. Dans Madaya assiégée, on mange des feuilles pour survivre à la famine

10 janvier 2016 à 1h16 par La rédaction

RADIO ORIENT

42.000 personnes se trouvent au bord de la famine dans cette ville assiégée par les forces d'Assad. Au moins 23 sont mortes de faim.

 L'horreur à huis clos. Les habitants de la ville de Madaya, en Syrie, à la frontière avec le Liban, sont en train de mourir de faim. Depuis plus de six mois, ils subissent un siège militaire de la part de l'armée loyaliste de Bachar al-Assad, malgré une trêve conclue entre cette ville, qui abrite de nombreux combattants rebelles, et le régime.Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), "environ 42.000 personnes se trouvent au bord de la famine à Madaya."Il n'y a plus rien à manger. Je n'ai avalé que de l'eau depuis deux jours", témoigne ainsi Momina, une femme de 32 ans jointe par téléphone par l'AFP. "Nous voulons juste qu'on nous dise si l'aide va arriver ou pas, car nous n'avons rien ici."La dernière fois que de l'aide humanitaire est arrivée dans la ville, située à environ 30 km de Damas, c'était le 18 octobre. A l'époque, la ville manquait déjà d'aliments de base."En fait, il manque de tout" à Madaya, résume Pawel Krzysiek, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui y était entré lors de cette dernière livraison d'aide.
Les gens sont depuis trop longtemps sans aliments de base, sans médicaments de base, sans électricité ni eau. [...] J'ai réellement vu la faim dans les yeux des gens. Ils nous suppliaient pour avoir du lait pour bébé. Ils disaient que les mères ne produisent plus de lait."
Les 3.900 rations alimentaires distribuées alors devaient permettre, selon Bettina Lüscher, une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), citée par Radio Canada, de "nourrir plus de 19.000 personnes pendant un mois". Or la ville n'a plus reçu aucune aide depuis. "L'accès à Madaya était impossible en dépit de nombreuses demandes en ce sens", assure l'ONU."Madaya est un exemple limpide des conséquences désastreuses d'un siège comme stratégie militaire", enrage Brice de le Vingne, directeur des opérations de MSF, dans un communiqué.
Dans les faits, Madaya est devenue une prison à ciel ouvert pour environ 20.000 personnes, y compris des nourrissons, des enfants et des personnes âgées. Il n'y a aucune façon d'y entrer ou d'en sortir, les habitants y sont abandonnés à la mort."

Déjà 23 morts de faim

Enfants faméliques, bébés affamés, personnes âgées décédées... quelques images terribles (dont il n'est pas toujours possible de vérifier l'origine) sont apparues sur Internet, une vaste campagne d'appel au secours ayant été lancée sur les réseaux sociaux. Pour beaucoup, elles rappellent l'horreur des camps de concentration nazis. http://tempsreel.nouvelobs.com/