Rencontre Poutine-Hollande, l'aviation russe s'installe dans le ciel syrien

Publié : 2 octobre 2015 à 12h45 par La rédaction

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Le président français François Hollande reçoit vendredi à Paris son homologue russe Vladimir Poutine avec lequel les désaccords sont nombreux sur la Syrie où l'engagement russe devrait durer "trois à quatre mois". La campagne de frappes aériennes russes va durer "trois à quatre mois" et s'intensifier, a déclaré vendredi le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, sur la radio française Europe 1.  Les premiers bombardements de l'aviation russe mercredi, visant officiellement le groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont été accueillis avec scepticisme par Washington et ses alliés, qui soupçonnent la Russie de s'en prendre aux opposants de son allié Bachar al-Assad sous couvert de lutte contre le "terrorisme". La rencontre entre MM. Poutine et Hollande est prévue pour une heure à partir de 10H00 GMT, avant un sommet sur la paix en Ukraine auquel participeront le président ukrainien Petro Porochenko et la chancelière allemande Angela Merkel. Occidentaux et Russes divergent sur les cibles choisies par Moscou en Syrie. D'après la Défense russe, le groupe Etat islamique a été visé par trois séries de frappes dans la zone d'Idleb (nord-ouest) à Hama et Homs (centre). Les objectifs: des dépôts d'armes, un camp d'entraînement et des postes de commandement. Mais selon les Américains, les Européens et des rebelles syriens, l'action russe se concentre sur des groupes d'opposants armés qui menacent le régime de Damas, et pas exclusivement sur l'EI (Daech, selon son acronyme arabe). "C'est Daech qu'il faut viser et pas d'autres", a réclamé jeudi soir le président Hollande. - Sort du président syrien - Le président français est opposé à son homologue russe sur le sort à réserver au président Bachar al-Assad. Paris l'accuse d'être le principal responsable du chaos en Syrie et veut le voir partir au plus vite, Moscou qui le soutient juge au contraire qu'il faut l'aider à lutter contre l'EI. La Russie, ne voyant aucune preuve, dénonce enfin l'argument légal de "légitime défense" avancé par la France pour justifier ses frappes en Syrie. Déclenché en mars 2011, le conflit syrien, déjà très complexe, a pris un tournant avec l'implication des Russes. Une coalition d'une cinquantaine de pays pilotée par les Etats-Unis, et à laquelle la Russie ne participe pas, a effectué depuis un an des milliers de frappes contre l'EI en Syrie et en Irak. Mais sans en venir à bout.  De ce fait, le ciel syrien est encombré par les missions de la coalition, les raids de l'aviation syrienne et désormais les Russes qui ont déployé plus de 50 avions et hélicoptères. Afin de se coordonner et d'éviter des incidents entre leurs aviations, Washington et Moscou ont eu jeudi, par vidéo-conférence, une première réunion entre militaires, selon le Pentagone. Rien n'en a filtré jeudi soir et "aucun nouveau rendez-vous" n'a été fixé, selon le ministère américain de la Défense. Balayant les critiques, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a réaffirmé à l'ONU que les frappes visaient "l'EI, Al-Nosra et d'autres groupes terroristes", comme, selon lui, les frappes de la coalition internationale. Au moins sept civils, dont deux enfants, ont péri dans des frappes russes qui ont visé jeudi la province d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie, rapportait vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). - USA en peine de stratégie - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, également à New York, a annoncé d'autres discussions militaires russo-américaines "dans les prochains jours". Prise de court par l'action russe, l'administration américaine démocrate s'attire les foudres des républicains. Le sénateur John McCain a même accusé les Russes d'avoir bombardé des rebelles syriens formés par la CIA. De fait, un groupe soutenu par Washington, Souqour al-Jabal, a affirmé avoir été visé par des missiles russes. D'après une source de sécurité syrienne, les avions de Moscou ont ciblé à Idleb et Hama "l'Armée de la conquête", une coalition regroupant le Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) et des groupes islamistes et qui combat à la fois Damas et l'EI. L'EI est absent à Idleb, sa présence est marginale à Hama, et à Homs il ne se trouve que dans la région désertique et à Palmyre.  Selon des experts, Moscou tente de réduire la pression rebelle sur les territoires tenus par le régime syrien dans l'ouest et le centre du pays. Parallèlement à son action militaire, la Russie a distribué au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution antiterroriste qui associerait Damas à une coalition internationale élargie contre les jihadistes. Washington est de son côté en peine de stratégie pour régler un conflit qui a fait plus de 240.000 morts, détruit la Syrie et provoqué une crise migratoire sans précédent depuis plus d'un demi-siècle.  AFP