Quatre héros de la Résistance font leur entrée au Panthéon

27 mai 2015 à 13h22 par La rédaction

RADIO ORIENT

Héros de la Résistance, ils symbolisent les valeurs de la République: Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay font ce mercredi leur entrée au Panthéon, où François Hollande leur rendra un hommage solennel.

 

C'est aux accents de la "Complainte du partisan" interprétée par le choeur de l'armée française et sous un ciel qui s'annonce clément que les quatre cercueils portés par des gardes républicains arriveront à 17H20 précises sur le parvis du Panthéon venant de la Sorbonne voisine, où ils ont été accueillis mardi pour une veillée publique et un hommage qui s'est poursuvi mercredi matin.

 

Dans leur sillage, un cortège de 144 proches, résistants, responsables associatifs, lycéens, étudiants...

 

Quelques instants plus tard, le chef de l'Etat prononcera un discours d'une quarantaine de minutes pour célébrer ces quatre personnalités qui "ont porté haut les valeurs de la République". Il sera ponctué par la Marseillaise avant que les portes du Panthéon ne s'ouvrent devant leurs cercueils, qui y pénétreront au son du "Chant des partisans".

 

Dans son allocution, François Hollande s'attachera à raviver le souvenir de ces résistants pour souligner "ce qui les rassemble, l'esprit de résistance, précisément, le courage et la transmission de leurs valeurs par leurs discours et la trace qu'ils ont laissée dans l'histoire", a confié son entourage.

 

A travers ces personnalités "très différentes par leurs origines, leurs parcours, leur histoire et leur postérité" mais "inséparables par ce qu'elles ont traversé et leur dévouement pour la Nation et pour la République", il exaltera ainsi les valeurs républicaines.

 

Son discours, "manifeste pour l'avenir", sera "tourné vers l'espérance, la jeunesse et l'engagement civique", ajoute une personnalité consultée par la présidence en vue des cérémonies, avec aussi quelques "transcriptions contemporaines" pour évoquer l'Irak, la Syrie ou le 11 janvier.

 

François Hollande l'avait souligné le 21 février, annonçant le choix des quatre "panthéonisés", l'ethnologue Germaine Tillion représente à ses yeux "l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les cultures, entre les peuples".

 
- Parité symbolique -
 

Geneviève De Gaulle-Anthonioz, fondatrice d'ATD Quart-Monde et nièce du Général de Gaulle, "c'est la fraternité" avec "les plus pauvres, les oubliés, les exclus, les relégués", poursuivait-il.

 

L'intellectuel et journaliste Pierre Brossolette, "c'est la liberté" de celui qui se suicida sans avoir parlé après deux jours de torture par la SS.

 

Quant à Jean Zay, ministre de l'Education nationale du Front populaire assassiné en juin 1944 par des miliciens, "c'est la laïcité", mais aussi "la République, l'école de la République".

 

Pour l'ex-Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin, si François Hollande s'apprête à donner "un grand cours d'Histoire toujours utile aujourd'hui", les Français attendent plutôt de lui une baisse du chômage.

 

Jugeant cette réaction "nulle et pas digne d'un homme d'Etat", Jack Lang qui fut l'artisan des panthéonisations de l'ère Miterrand a estimé dans un entretien à l'AFP que la cérémonie n'était "pas d'une récupération, bien au contraire".

 

"Que dirait-on d'un président qui tournerait le dos à l'histoire?", s'est-il interrogé. "L'acte qu'il accompli aujour est un acte authentique, sincère, profond, il est président de la République, il s'exprimera au nom de la France et en même temps c'est un homme politique", remarque cependant l'ancien ministre de la Culture.

 

Le Panthéon, dont le fronton proclame la devise "Aux grands Hommes la patrie reconnaissante", n'accueillait jusqu'ici que deux femmes sur 71 personnalités, la physicienne Marie Curie, Prix Nobel de physique puis de chimie, et Sophie Berthelot, qui n'y repose toutefois qu'en sa qualité d'épouse du chimiste Marcellin Berthelot.

 

Deux autres femmes les rejoindront donc, le président Hollande ayant innové par sa décision d'y faire transférer simultanément les cendres de quatre personnalités selon une parité très symbolique.

 

Cinquante ans plus tôt, le 19 décembre 1964, un autre grand résistant faisait son entrée au Panthéon, Jean Moulin, accueilli par le discours historique d'André Malraux ("Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège...").

 

A l'exception de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, tous les prédécesseurs de François Hollande sous la Ve République ont usé de cette prérogative présidentielle: choisir et accompagner de grandes figures républicaines sous l'immense coupole, au coeur du Quartier Latin.

 AFP