Premier grand discours sur l'immigration de Hollande, deux ans et demi après son élection

15 décembre 2014 à 15h59 par La rédaction

RADIO ORIENT
Deux ans et demi après son élection, François Hollande prononce lundi en fin d'après-midi son tout premier grand discours sur l'immigration, une allocution à hauts risques sur l'un des sujets les plus clivants de la société française.

 

Pour preuve, victime d'un destin mouvementé, le Musée de l'histoire de l'immigration, que le chef de l'Etat inaugurera officiellement à cette occasion, ne l'avait jamais été depuis son ouverture, en 2007.

 

L'UMP Brice Hortefeux a donné le ton des futures polémiques, reprochant dès lundi matin sur RTL à l'exécutif socialiste d'accepter "l'augmentation du nombre d'étrangers venant chaque année dans notre pays".

 

"Au lieu d'inaugurer un musée de l'immigration, François Hollande devrait lutter contre l'immigration qui est un problème monumental, économique, social et culturel", a renchéri le numéro 2 du FN, Florian Philippot, sur France Inter.

 

"En parlant de l'immigration, on parle de notre pays, de notre histoire nationale", soutient en revanche l'entourage de François Hollande, qui souligne que le président a "accordé beaucoup de soin à la préparation de ce discours".

 

"Il sait qu'il s'agit d'un discours très attendu sur un sujet hautement sensible, complexe, et important", d'autant plus que la France "fait face à la crainte d'une résurgence des actes racistes et antisémites", insiste-t-on encore de même source.

 

Pour l'historien Benjamin Stora, président du Conseil d'orientation du musée et qui passe pour avoir l'oreille du président, "il est temps (...) de regarder cette histoire en face".

 

François Hollande, ajoute un proche du chef de l'Etat, soulignera que "la réussite de l'intégration des immigrés fait partie de notre destin national" mais que cette réussite passe aussi par "la reconnaissance de cette histoire".

 

- 'Un geste très fort' -

 

S'il évoquera les questions plus concrètes des flux migratoires, de la politique de naturalisation, des visas ou du droit d'asile, il s'agira davantage d'une "mise en perspective" que d'annonces, prévient-on cependant de même source.

 

Idem pour le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, le 50e engagement de sa campagne présidentielle qui se heurte à une impossible réforme constitutionnelle. François Hollande ne dispose pas de la majorité des 3/5e requise au Parlement et a exclu de recourir à un référendum.

 

Face aux "vents mauvais" du repli identitaire dénoncé par historiens et associations, ces dernières regrettent une intervention tardive. "On attendait un grand discours à la nation au lendemain de l'élection (...) sur la fierté d'être français", déplore Alain Jakubowicz, le président de la Licra.

 

Le gouvernement vient d'ériger la lutte contre le racisme et l'antisémitisme en "cause nationale", dans le sillage de l'agression antisémite d'un couple juif à Créteil.

 

Le gouvernement doit aussi essuyer des critiques à droite sur son projet de réforme du droit d'asile, qui sera soumis mardi à l'Assemblée nationale.

 

Un second texte, portant sur le droit des étrangers, risque de ranimer la polémique au printemps, avec, entre autres mesures, la mise en place de titres de séjour pluriannuels.

 

Dans ce contexte, l'inauguration du musée devrait constituer "un geste très fort", estime Luc Gruson, son directeur général.

 

Installé dans le Palais de la Porte Dorée, construit à l'occasion de l'exposition coloniale de 1931, l'établissement a connu une histoire agitée. Sa création avait été envisagée dès les années 1990 pour souligner les apports des migrants à la société français.

 

Mais, portée par Lionel Jospin puis Jacques Chirac, la "Cité nationale de l'Histoire de l'immigration" n'avait finalement ouvert qu'après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, en pleine polémique autour d'un projet de loi sur la maîtrise de l'immigration.

 

Des universitaires avaient démissionné des instances de la Cité et, en 2009, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, y avait été chahuté. L'année suivante, l'occupation par des centaines de sans-papiers avait achevé de brouiller son image.

 

AFP