Poutine en Egypte pour tenter d'accroître l'influence de la Russie

9 février 2015 à 14h09 par La rédaction

RADIO ORIENT

Le président Vladimir Poutine doit arriver lundi soir au Caire pour tenter de renforcer l'influence de la Russie en Egypte, pays dont les relations avec le grand allié américain sont légèrement assombries par l'implacable et sanglante répression visant toute opposition.

 

Les experts estiment que le plus peuplé des pays arabes, traditionnellement allié à Washington, fait partie des Etats où la Russie --isolée et critiquée dans la crise en Ukraine-- tente de pousser ses pions sur les plans diplomatique et économique.

 

Cette visite d'Etat de deux jours est la première de M. Poutine en 10 ans. Il avait rencontré au Caire en 2005 le "raïs" Hosni Moubarak, contraint d'abandonner le pouvoir début 2011 au terme d'une révolte populaire dans la lignée des Printemps arabes.

 

Le nouveau chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée, est arrivé au pouvoir après avoir destitué et fait arrêter mi-2013 son prédécesseur, le président islamiste Mohamed Morsi. M. Sissi est accusé par les ONG internationales de défense des droits de l'Homme de diriger un régime plus répressif encore que celui de M. Moubarak.

 

Depuis l'éviction de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi. Plus de 15.000 de ses partisans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

 

M. Sissi a été élu président haut la main en mai 2014 mais après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, islamiste, puis laïque et libérale, notamment les mouvements de la jeunesse révolutionnaire de 2011.

 

En 2013, les capitales occidentales avaient d'abord dénoncé --du bout des lèvres souvent-- la brutalité de la répression, et Washington, principal pourvoyeur de fonds du Caire, avait gelé son aide.

 

Cette aide, essentiellement militaire, a été restaurée en 2014. Et M. Sissi, devenu président, a été reçu en grande pompe dans plusieurs capitales européennes, dont Paris et Rome.

 

Moscou, qui n'a jamais émis la moindre réserve sur les droits de l'Homme depuis la chute de M. Morsi, est apparue dès l'été 2013 comme la principale capitale non-arabe à soutenir le nouveau pouvoir issu de l'armée.

 

Alors ministre de la Défense, M. Sissi s'était rendu à Moscou en février 2014. Après son élection, il avait rendu visite à M. Poutine dans sa résidence d'été à Sotchi en août.

 

- 'Porte ouverte pour Poutine' -

 

Dès la première visite, les deux hommes avaient discuté de la livraison d'armements russes à l'Egypte, en proie à une vague sans précédent d'attentats visant les forces de l'ordre, perpétrés par des groupes jihadistes en représailles à la répression visant les manifestants islamistes.

 

"Poutine continue de tirer profit des ambiguïtés et des contradictions des politiques occidentales à l'égard du Moyen-Orient", analyse Anna Borshchevskaya, spécialiste de la Russie au Washington Institute For Near East Policy.

 

"Aussi longtemps que Washington critique le recul de l'Egypte sur le plan démocratique (...), cela laisse la porte ouverte à Poutine (...) pour renforcer son influence au détriment des intérêts américains", conclut Mme Borshchevskaya.

 

Le Kremlin a indiqué dimanche que "les deux dirigeants vont accorder un soin tout particulier à renforcer les liens commerciaux et économiques entre les deux pays".

 

La coopération sera également au coeur des discussions, selon Moscou, notamment "une coopération accrue pour lutter contre le terrorisme international". Les deux présidents évoqueront aussi les conflits en Syrie, Irak, Libye et la crise israélo-palestinienne, a précisé le Kremlin qui anticipe "la signature d'accords sur des investissements".

 

En septembre, des médias russes avaient assuré que l'Egypte et la Russie s'étaient accordées sur la livraison de systèmes de défense anti-aérienne, d'hélicoptères et d'avions de combat pour 3,5 milliards de dollars, financés par l'Arabie saoudite. Depuis, plus rien n'a filtré sur le sujet.

 

AFP