Portrait : Zahia Ziouani, chef d'orchestre, femme, et passeuse de passion
3 février 2014 à 17h48 par La rédaction
A 35 ans, ZahiaZiouani, rare femme dans le monde des chefs d'orchestre, est portée par une passion d'une rare intensité pour la musique classique, qu'elle entend communiquer à tous les publics quelles que soient leurs origines.
Son orchestre symphonique, Divertimento, dont le siège est à Stains en Seine-Saint-Denis (93), vient de briller cinq jours de suite à la Folle Journée de Nantes qui fêtait ses 20 ans avec la musique américaine du XXe siècle, exécutant sous sa baguette aussi bien des comédies musicales, de la musique contemporaine que des bandes originales de films comme celles de John Williams.
Au deuxième jour du festival, quand cette jeune femme brune toute vêtue de noir se penche sur son pupitre pour réclamer le silence à ses musiciens, le public du grand auditorium de Nantes, rempli de nombreux groupes scolaires, retient son souffle. Et quand elle lance la charge de "Star Wars" (La Guerre des étoiles) avec ses 70 musiciens, elle emporte avec elle le public, toutes générations confondues.
Ces enfants-là n'auront plus peur des orchestres symphoniques, au contraire.
Pour "Divertimento, c'est un choix d'être présent dans des événements très importants comme La Folle Journée ou la Capitale européenne de la culture, mais aussi tous les jours dans des villes en banlieue parisienne, en milieu rural, avec la même programmation", explique ZahiaZiouani lors d'un entretien.
Ses parents d'origine algérienne, venus en France dans les années 60, ont vécu modestement en Seine-Saint-Denis, mais étaient très mélomanes. C'est grâce à eux que leurs deux filles et leur fils sont allés au conservatoire.
En dépit de son parcours atypique dans le monde très fermé des grands musiciens, ZahiaZiouani ne souhaite être reconnue que pour la qualité de sa direction quand elle conduit un orchestre.
Tout comme, à 17 ans à peine, elle a été reconnue par le Roumain Sergiu Celibidache, considéré comme un des plus grands chefs du XXe siècle. Après l'avoir vue diriger, il la choisit pour suivre ses cours avec une dizaine d'autres privilégiés.
Sa culture mais surtout ses qualités artistiques lui ont permis de diriger plusieurs années comme invitée l'Orchestre national symphonique d'Algérie."Ce qui est plus difficile dans la vie de tous les jours", admet toutefois cette femme qui cache derrière un sourire très doux l'immense quantité de travail abattu pour atteindre ce niveau, "c'est d'être une femme et même, d'être jeune, quand on est chef d'orchestre... Dans tous les postes de responsabilités dans le milieu de la musique en France ce ne sont que des hommes".
Source : AFP