Pendant une minute, la France entière figée dans le silence
16 novembre 2015 à 17h09 par La rédaction
Des inconnus qui se tiennent la main, des Marseillaise pour rompre le recueillement, beaucoup de larmes et un poème: des milliers de Français ont observé lundi à midi une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris. A la Sorbonne, où s'étaient notamment déplacés François Hollande et Manuel Valls, la foule a conclu la minute de silence par une salve d'applaudissements et une Marseillaise, également entonnée par le chef de l'Etat et le Premier ministre. Devant le Bataclan, théâtre de l'attaque la plus meurtrière vendredi soir avec 89 morts, plusieurs centaines de personnes ont observé la minute de silence, regard baissé ou yeux fermés, sans chants ni applaudissements. Pour Michel, 51 ans, "les 129 personnes parties" (selon un bilan provisoire), ce sont "129 mondes", qu'il est venu "pleurer". Look "métalleux" avec son blouson noir de rocker et sa queue de cheval grise, Laurent, 50 ans, est venu afficher sa "solidarité entre fans de rock, et habitants du 11e" arrondissement. Il fustige d'une voix étranglée les "fanatiques de merde, anti-tout (...) qui ne savent pas s'amuser avec leurs regards vides et fous". Rue de Charonne, 30 minutes de silence ont été observées dès 11H30 par quelque 150 personnes, rassemblées en arc de cercle devant le restaurant La Belle Equipe, où 19 personnes ont été tuées. En face du bar Le Carillon, autre site touché, un homme a déclamé des vers du poète sénégalais Birago Diop: "Ceux qui sont morts ne sont jamais partis / Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire / Et dans l'ombre qui s'épaissit". A République, où 1.000 à 2.000 personnes se sont rassemblées, plusieurs inconnus se tenaient la main, selon un journaliste de l'AFP, tandis qu'à la Grande Mosquée de Paris, le recteur Dalil Boubakeur et une poignée de fidèles ont prié et écouté un enregistrement de la Marseillaise. Partout en France, les transports se sont arrêtés et le même recueillement a été observé à midi. A Nice, l'artère commerçante principale s'est figée au son des cloches de la ville. Plus de 2.000 personnes se sont massées dans la cour de l'hôtel de ville de Bordeaux, à l'issue d'une rencontre de près d'une heure organisée par le maire Alain Juppé avec des représentants de toutes les religions. Sous l'ombrière du Vieux-Port, à Marseille, 200 à 300 personnes se sont recueillies devant un petit autel de bougies, de fleurs et de quelques représentations de la "Bonne mère". Aucun incident n'était pour l'instant signalé dans les écoles, qui ont rouvert lundi, et où la minute de silence devait être précédée "d'un temps d'échange" selon les souhaits de la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem. "Il ne faut pas prendre les élèves pour des idiots. C'est la deuxième vague d'attentats en neuf mois. Et cette fois, les terroristes se sont attaqués à des gens au hasard. Charlie, ça les a touchés, mais c'était bien plus loin pour eux", selon Nicolas Le Luherne, professeur dans un lycée professionnel près de Chartres. A Marseille, un proviseur a "comparé le Stade de France au stade Vélodrome. Et là, on s'est tous senti visés", a confié Anis, un élève. Partout, les drapeaux étaient en berne et le seront jusqu'à mardi, en vertu d'un deuil national de trois jours décrété samedi. Cette mesure exceptionnelle avait déjà été appliquée après les attentats de janvier. AFP