Paris reçoit des promesses d'aide militaire et de bienveillance budgétaire à Bruxelles

17 novembre 2015 à 17h18 par La rédaction

RADIO ORIENT
Quatre jours après les attentats de Paris, l'Union européenne a voulu démontrer sa solidarité avec la France, en apportant un soutien "unanime" à sa demande d'assistance militaire, et en lui laissant entrevoir de la bienveillance face à de nouveaux dérapages budgétaires. Devant le Parlement français réuni en Congrès à Versailles (près de Paris), le président François Hollande avait lancé lundi un appel solennel aux autres pays européens, invoquant pour la première fois de l'histoire de l'Union une "clause de solidarité" des traités. "Aujourd'hui, l'UE par la voix de tous les Etats membres, a exprimé unanimement son plus fort soutien", lui a répondu mardi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, après une réunion entre ministres de la Défense des 28 à Bruxelles. Même si aucune décision formelle n'a été adoptée, tous les Etats de l'UE ont donc accepté le recours de la France à un article des traités (47.2) jamais encore utilisé, prévoyant une assistance des autres pays si l'un des 28 est victime d'une agression. Ce "soutien unanime", c'est "un acte politique de grande ampleur", s'est félicité le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, alors que la France déplore depuis des mois d'être trop seule dans ses opérations, que ce soit au Sahel, en Syrie ou en Irak. Il "va nous permettre maintenant, dans les heures qui viennent, d'avoir les (réunions) bilatérales nécessaires" de la France avec chacun des Etats membres de l'UE, pour établir précisément l'aide que chacun est prêt à apporter concrètement, a expliqué le ministre. Dans la nuit de lundi à mardi, l'aviation française a de nouveau bombardé le fief du groupe Etat islamique (EI) à Raqa, dans le nord de la Syrie, détruisant un centre de commandement et un centre d'entraînement, selon Paris. Et le porte-avions Charles-de-Gaulle, avec 26 chasseurs à bord, va appareiller jeudi pour la Méditerranée orientale pour permettre à la France d'"intensifier" ses actions, comme l'a promis François Hollande. La France "ne peut pas être partout à la fois", a insisté mardi depuis Bruxelles M. Le Drian. - 'Emotion' - Paris ne demande pas une assistance militaire d'autres pays sur son territoire, a précisé son entourage, mais veut pouvoir compter sur davantage d'aide contre Daech (acronyme arabe de l'EI) en Syrie et en Irak, et "partager le fardeau militaire" sur d'autres théâtres d'intervention. Les contributions d'autres Etats "peuvent prendre la forme d'avions de transport, de ravitaillement, d'armements", a ajouté l'entourage du ministre, compte tenu de l'intensification des opérations en Syrie. "J'ai senti beaucoup d'émotion de la part de mes collègues", a témoigné M. Le Drian après la réunion avec ses homologues, soulignant que nombre d'entre eux avaient pris la parole en français pour exprimer leur soutien. L'Europe se doit de reprendre "le dossier d'une défense européenne", après le "traumatisme" des attentats de vendredi à Paris, a estimé de son côté depuis Paris le président de l'Assemblée nationale française, le socialiste Claude Bartolone. Paris avait également adressé un appel à la solidarité européenne sur un autre terrain, budgétaire cette fois. Il a été accueilli mardi avec bienveillance à Bruxelles, qui n'a toutefois pas délivré de blanc-seing. Les engagements budgétaires européens de la France "seront forcément dépassés, nous devons l'assumer et l'Europe doit le comprendre", a lancé mardi le Premier ministre français Manuel Valls. Pas question, donc, de focaliser sur l'objectif d'un retour à moins de 3% de déficit public en 2017, alors que François Hollande a annoncé la création prochaine de 8.500 postes dans les forces de l'ordre et la justice, et annulé quelque 9.200 suppressions de postes de militaires prévues entre 2017 et 2019. De nouvelles dépenses sont aussi prévues pour renforcer les moyens concrets des forces de l'ordre (véhicules, armes...), après les attentats sans précédent qui ont coûté la vie à 129 personnes vendredi à Paris. Il est "trop tôt pour dire maintenant comment ça va se traduire sur la trajectoire budgétaire de la France", a commenté mardi le commissaire européen aux Affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, mais "nous comprenons ce qu'est la priorité à la sécurité". Le pacte de stabilité n'est "ni rigide, ni stupide", et "les règles du pacte de stabilité n'empêchent pas les Etats de définir leurs priorités", a-t-il dit. AFP