Liban: Première condamnation pour violence conjuguale

2 juillet 2014 à 21h27 par La rédaction

RADIO ORIENT

Un Libanais a été condamné à neuf mois de prison ferme pour avoir battu sa femme, une première au Liban depuis l'adoption d'une loi contre la violence conjugale en avril.

 

Hussein Ftouni a été également condamné à verser la somme de 20 millions de livres libanaises (9.700 euros) à son épouse Tamara Harissi, 22 ans, pour violences.

 

L'ONG Kafa ("Assez" en arabe), qui a mené une campagne en faveur de la loi, a qualifié le verdict annoncé mardi de changement important, tout en critiquant la faible sentence rendue contre Ftouni.

 

"C'est le premier cas où le criminel est condamné sous la nouvelle loi", a indiqué à l'AFP Maya Ammar, coordinatrice de la communication à Kafa.

 

"La condamnation est faible. Mais c'est certainement mieux que de le laisser libre comme a demandé son avocat. Il a été toutefois été condamné pour avoir battu sa femme et non pour tentative de meurtre", a-t-elle déploré.

 

"Pour nous, il s'agit clairement d'une tentative de meurtre et il doit être condamné pour cette charge", a-t-elle poursuivi.

 

Dans une interview  au journal anglophone libanais The Daily Star , Tamara Harissi a déclaré que son mari l'avait frappée pendant trois heures, lui attachant les pieds et lui cassant les doigts.

 

Il a jeté de l'alcool sur elle, essayé de la brûler vive puis a quitté la maison en la menaçant de la tuer à son retour, a ajouté Mme Harissi.

 

La militante de Kafa a indiqué que la victime n'a pas encore décidé si elle fera appel de la sentence, alors que la jeune femme pense que la condamnation est "relativement bonne, étant donné qu'on est au Liban".

 

Mme Ammar a estimé que la décision du tribunal était un évènement majeur, mais a rappelé que Mme Harissi doit faire face maintenant au défi d'un divorce via un tribunal religieux.

 

"Elle a encore une longue bataille devant elle mais espérons que les autorités religieuses lui accorderont le divorce".

 

La société libanaise est considérée au niveau des moeurs comme l'une des plus libérales du monde arabe, mais la législation du pays reste largement conservatrice.

 

Les autorités religieuses étaient en grande majorité opposées à l'adoption d'une loi sur la violence conjugale, estimant que cela relevait de la vie privée.

 

La peur du scandale est également responsable du silence entourant les femmes maltraitées, selon les militants, et les victimes refusent souvent de dénoncer leurs maris.

 

Avec AFP