Laurent Fabius à Ryad pour exprimer le soutien politique de Paris

12 avril 2015 à 16h58 par La rédaction

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Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius se trouvait dimanche à Ryad pour exprimer "le soutien" de son pays à l'Arabie saoudite, important partenaire de la France, qui mène une campagne au Yémen voisin contre une rébellion chiite soutenue par l'Iran.

 

"Concernant le Yémen, nous venons manifester notre soutien, surtout politique, aux autorités saoudiennes", a déclaré M. Fabius à la presse, alors qu'il entamait une série d'entretiens avec les principaux dirigeants saoudiens, dont le nouveau roi Salmane.

 

L'Arabie saoudite dirige une coalition de neuf pays arabes, qui mène depuis le 26 mars des frappes aériennes quotidiennes au Yémen pour empêcher des rebelles chiites Houthis liés à l'Iran de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire yéménite.

 

Le royaume sunnite saoudien, qui partage au sud une longue frontière avec le Yémen, voit dans la rébellion soutenue par son grand rival chiite iranien une menace pour sa sécurité.

 

M. Fabius devait réaffirmer à ses hôtes saoudiens que "la France se tient naturellement aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité du Yémen", selon son entourage.

 

Paris considère que le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a été contraint de quitter le pays en mars sous la pression des rebelles chiites, est l'"autorité légitime" au Yémen et qu'il faut aller "vers une solution politique" dans ce pays.

 

"Il faudra qu'à un moment ou à un autre, on arrive à une négociation", a dit M. Fabius.

 

Côté français, on voit dans l'intervention militaire menée par l'aviation saoudienne et ses alliés -dont les Emirats arabes unis- une "opération signal", à l'adresse tant des rebelles yéménites que de l'Iran, pour forcer une solution politique au Yémen.

 

La coalition militaire arabe engagée au Yémen est aidée par les Etats-Unis, notamment pour le renseignement, la coordination et le ravitaillement des avions, mais la France n'a pas, jusqu'à présent, annoncé un soutien autre que politique à l'Arabie saoudite.

 

Outre un entretien avec le roi Salmane, M. Fabius devait s'entretenir à Ryad avec le ministre de la Défense Mohammed ben Salmane, fils du roi et un des dirigeants des opérations au Yémen.

 

- Vérifier les sites iraniens -

 

L'Arabie saoudite s'inquiète également de l'accord-cadre passé début avril sur le nucléaire iranien par six grandes puissances, dont la France.

 

Ryad redoute que Téhéran se dote in fine de l'arme nucléaire en dépit de cet accord qui doit limiter les capacités nucléaires de l'Iran à des activités purement civiles.

 

Cet accord-cadre doit être finalisé entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) d'ici au 30 juin.

 

M. Fabius a répété, en commençant ses entretiens à Ryad, qu'il faut parvenir à un "accord solide" sur le nucléaire, faute de quoi "cela peut déboucher sur une prolifération de l'arme nucléaire dans la région".

 

Il y a des points sur lesquels les négociateurs doivent se montrer "vigilants", a-t-il déclaré, notamment "la PMD, la possible dimension militaire", et la levée des sanctions internationales qui frappent l'Iran.

 

"Il faut que l'AIEA (Agence Internationale de l'énergie atomique) ait la possibilité de vérifier les sites iraniens", selon lui.

 

De même, les sanctions doivent être levées "progressivement" et doivent être réversibles, c'est-à-dire qu'elles seraient réimposées à l'Iran si ce pays viole ses engagements. "Tout cela a été discuté, mais on ne s'est pas mis d'accord".

 

Paris a montré à plusieurs reprises, durant ces négociations avec l'Iran, une fermeté particulière, reprochant implicitement aux Etats-Unis, principal négociateur, de faire preuve de trop d'empressement pour parvenir un compromis avec Téhéran.

 

AFP