Hollande réunit le Congrès à Versailles pour exposer sa riposte aux attentats

16 novembre 2015 à 17h21 par La rédaction

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Face aux attentats les plus meurtriers jamais commis en France, François Hollande s'exprime pour la première fois lundi après-midi devant le Congrès à Versailles pour exposer sa riposte, incluant un état d'urgence de trois mois, et tenter de maintenir une "union nationale" fragile. A midi, le président, accompagné notamment par le Premier ministre Manuel Valls, a observé à La Sorbonne la minute de silence en hommage aux victimes.  Avant de rejoindre Versailles, députés, sénateurs et personnels ont eux aussi fait silence à l'Assemblée et au Sénat, avant d'entonner La Marseillaise. Le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), a cité Winston Churchill: "Il ne sert à rien de nous dire +Nous avons fait de notre mieux+. Il faut réussir à faire ce qui est nécessaire." "C'est un acte de guerre et, face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées", a prévenu dès samedi M. Hollande. Dimanche soir, la France a annoncé avoir bombardé massivement le fief de l'organisation Etat islamique à Raqa (Syrie).  Après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher (17 morts), le chef de l'Etat avait participé à une marche historique dans la capitale aux côtés de dirigeants de toute la planète. Manuel Valls avait lui prononcé un vibrant discours applaudi par toute l'Assemblée nationale le 13 janvier.  Cette fois, sur fond d'état d'urgence et de multiples opérations policières en France mais aussi en Belgique, c'est François Hollande qui s'adresse à 16H00 aux parlementaires au château de Versailles, scénario intervenu une seule fois depuis 1848: en 2009, sous Nicolas Sarkozy, après une révision de la Constitution permettant cette prise de parole.  Droite et gauche approuvent le principe de cette grand-messe sous les ors de l'ancienne résidence des rois de France. Mais là où la gauche appelle à l'unité nationale "sans conditions", la droite réclame que le chef de l'Etat dépasse le symbole et les discours. Le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, veut ainsi "des propositions courageuses et fermes". Mais "demander des comptes, ce n'est pas le moment", selon le député LR Philippe Gosselin, qui dit aussi à son camp: "Attention aux surenchères". "Il faut se garder d'annonces spectaculaires qui relèveraient du slogan plus que d'une action réfléchie et déterminée", plaide Sandrine Mazetier, vice-présidente (PS) de l'Assemblée, alors que parlementaires de droite comme de gauche font assaut de propositions. Dans les dernières en date, Alain Chrétien (LR) a suggéré "l'extension des conditions d'usage des armes des forces de l'ordre", quand Marie-Françoise Bechtel (ex-MRC) a lancé une pétition pour "le rétablissement du service national".- Etat d'urgence prolongé - Le député socialiste Christian Paul, qui attend "une politique efficace sans renier ses principes", craint que "d'autres soufflent sur les braises". Alors que le président devait être seul à s'exprimer devant les 577 députés et 348 sénateurs, l'opposition a obtenu un débat, sans vote, après son départ. Le président de l'Assemblée Claude Bartolone (PS), qui présidera le Congrès, a espéré que "les uns et les autres sauront se tenir".  "Plus que jamais, l'unité nationale" est "indispensable", a insisté Manuel Valls lundi, prévenant que la France allait "vivre longtemps" avec la menace terroriste après l'attentat multiple de vendredi "organisé, pensé, planifié depuis la Syrie". François Hollande, qui avait annoncé dès samedi sa décision de convoquer ce Congrès "pour rassembler la Nation dans cette épreuve", souhaite notamment que l'état d'urgence décrété après les attentats dure trois mois. Au-delà de 12 jours, une telle mesure ne peut être autorisée que par une loi, votée par le Parlement, qui en fixe sa durée définitive. Le prochain Conseil des ministres examinera un projet de modification de la loi de 1955 sur l'état d'urgence pour en revoir "périmètre" et "durée". Nicolas Sarkozy s'est dit dimanche soir prêt à être "constructif" si François Hollande "retient des mesures" proposées par LR. Il réclame notamment que toutes les personnes inscrites au fichier S (signalées comme radicalisées) soient "mises en résidence surveillée" chez elles avec "bracelet électronique". Une "mauvaise idée" pour le président PS de la commission des Lois de l'Assemblée Jean-Jacques Urvoas. AFP