Hollande met en garde contre le terrorisme, "ferment de la guerre civile"

9 décembre 2015 à 11h11 par La rédaction

RADIO ORIENT
François Hollande a appelé mardi à se garder, face au terrorisme, d'un "sentiment d'insécurité" porteur des "ferments de la guerre civile", remettant mardi à l'Elysée la Légion d'honneur aux leaders du quartette tunisien, qui recevront jeudi le prix Nobel de la paix. La France et la Tunisie sont "confrontées aujourd'hui à la même menace, le terrorisme", a relevé le chef de l'Etat français, enchaînant : "Même processus, même volonté de tuer, même objectif, nous diviser, nous séparer, créer un sentiment d'insécurité tel que les ferments de la guerre civile pourraient se retrouver réunis". "C'est parce que nous sommes solidaires dans cette épreuve que nous y répondons de la même manière, en luttant contre l'obscurantisme et en faisant prévaloir la démocratie", a-t-il poursuivi, portant "l'espoir (...) que le peuple ne se laissera pas détourner, entraîner, submerger, saisir par la peur". La France et la Tunisie ont toutes deux été placées en état d'urgence dans la foulée d'attentats revendiqués par le groupe Etat islamique, la première après une série d'attaques qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, le 13 novembre, et la seconde dans la foulée d'un attentat-suicide contre un bus de la sécurité présidentielle qui a fait 12 morts, le 24 novembre à Tunis. Les membres du quartette, Houcine Abassi, secrétaire général du puissant syndicat UGTT, Ouided Bouchamaoui, présidente de l'organisation patronale UTICA, Abessatar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et Fadhel Mahfoudh, bâtonnier de l'Ordre national des avocats, ont été faits commandeurs de la Légion d'honneur par le chef de l'Etat français. Cette décoration, a expliqué François Hollande, leur a été remise pour avoir "défendu les valeurs que la France porte à travers le monde (...) la liberté, la démocratie, la tolérance". Quant au prix Nobel, il leur donne, selon lui, aussi "des obligations: continuer le travail" pour "préserver les acquis de la Révolution de Jasmin". Abessatar Ben Moussa a insisté pour sa part sur la nécessité, en Tunisie, "d'installer les institutions constitutionnelles dans les délais prévus", d'"abroger les lois liberticides qui persistent encore" et de parvenir à "une transition économique" pour résoudre "les problèmes sociaux à l'origine du processus révolutionnaire". "La démocratie a besoin de solidarité, sinon elle risque des dangers majeurs, soit le retour au despotisme (...) soit le terrorisme qui se développe sur le terreau de la misère et de l'exclusion", a-t-il insisté avant d'en appeler aux "pays amis et essentiellement la France". Le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme a également appelé à "garantir les droits des émigrés en France". Quant à Fadhel Mahfoudh, il a mis en garde contre toute "dérive sécuritaire" face à la menace terroriste. Le président François Hollande avait déjà reçu le quartette le 16 octobre à l'Elysée, le félicitant pour le prix Nobel et sa "contribution, capitale, à la réussite de la transition démocratique de la Tunisie". Le quartette avait organisé en 2013 un long et difficile "dialogue national" entre les islamistes du parti Ennahdha et leurs opposants, les obligeant à s'entendre pour sortir d'une paralysie institutionnelle. AFP