Elections en Tunisie: des figures de l'ère Ben Ali décidées à revenir sur le devant de la scène

16 octobre 2014 à 19h43 par La rédaction

RADIO ORIENT

Après la révolution de 2011, ils étaient voués aux gémonies. Aujourd'hui, des responsables du régime déchu de Ben Ali sont en lice pour les élections, bien décidés à peser sur la scène politique tunisienne.

 

Plusieurs partis dirigés par d'anciens collaborateurs ou sympathisants du dictateur tunisien se présentent ainsi aux législatives du 26 octobre, et pas moins de six figures de l'ère Ben Ali sont candidates à la présidentielle du 23 novembre. A leur tête, Béji Caïd Essebsi, 87 ans, président du Parlement en 1990-1991 et Premier ministre après la révolution.

 

Suivent les anciens ministres Kamel Morjane (Défense et Affaires étrangères), Mondher Zenaïdi (Santé), Abderrahim Zouari (Transport), Hammouda Ben Slama (Jeunesse et Sports) et Mustapha Kamel Nabli (Plan), gouverneur de la Banque centrale pendant dix-huit mois après la révolution.

 

M. Zouari avait été arrêté après la révolution et accusé de corruption, avant de bénéficier d'un non-lieu et d'être libéré. Quant à M. Zenaïdi, il avait quitté la Tunisie aussitôt après la chute du régime, et n'y est revenu qu'à la mi-septembre pour être accueilli en grande pompe à l'aéroport par des centaines de partisans.

 

M. Morjane de son côté avait présenté en 2011 des excuses "aux Tunisiens pour avoir accepté de servir" sous Ben Ali. Il a toujours assuré n'avoir eu aucune responsabilité dans les pratiques autoritaires de l'ancien régime.

 

M. Zouari, lui, assume son statut de cacique de Ben Ali, tout en admettant que l'ancien régime a commis "beaucoup de fautes". Il assure que sa candidature est motivée par sa volonté d'utiliser sa "longue expérience politique" pour "faire avancer le pays".

 

M. Nabli, refuse pour sa part d'être considéré comme un cacique de Ben Ali. "J'étais un ministre technocrate", a-t-il soutenu dans une interview télévisée, expliquant avoir démissionné en 1995 "quand j'ai vu que le régime s'était éloigné des intérêts de la Tunisie et qu'il était devenu gouverné par les intérêts personnels".

 

Aucun des principaux responsables de l'ère Ben Ali n'est aujourd'hui en prison. L'ancien président, lui, est en exil en Arabie saoudite.

 

Une loi dite d'"immunisation de la révolution" visant à exclure les responsables de l'ancien régime des élections avait été rejetée par l'Assemblée constituante, dominée par les islamistes d'Ennahda.

 

Ces derniers l'avaient d'abord défendue avant de faire marche arrière au nom du consensus et de la pacification sociale.

 

"Nous avons vu à quoi a mené la politique d'éradication en Irak, à quoi a mené la politique de l'exclusion politique en Libye. Elles ont mené à des guerres civiles", a récemment déclaré le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi sur une chaîne algérienne.

 

M. Ghannouchi a déjà affirmé que son parti n'écartait de se coaliser avec aucune formation politique, même Nidaa Tounes, le parti de M. Caïd Essebsi, qui compte d'anciens membres du RCD.

 

AFP