Charlie Hebdo: la presse française en deuil se dresse face à la "barbarie"

8 janvier 2015 à 12h32 par La rédaction

RADIO ORIENT

Jour de deuil pour la presse française dans son ensemble: après le choc provoqué par l'attentat sanglant contre Charlie Hebdo, les Unes des journaux, toutes sensibilités confondues, appellent à faire front face à la "barbarie" et à la "liberté assassinée".

 

Des fonds noirs et des dessins rendent hommage aux douze morts, dont des dessinateurs renommés, de l'attentat à la kalachnikov commis mercredi à Paris contre le journal satirique.

 

"Nous sommes tous Charlie", titre Libération. La mention, brandie par de nombreux manifestants mercredi soir partout en France, se retrouve très souvent en manchette des quotidiens.

 

Le directeur de Libé commence son éditorial par un "Ils ont tué Cabu !", "ils ont tué Wolin, Charb, Tignous, Bernard Maris et les autres !" comme le "Ils ont tué Jaurès" de l'été 1914.

 

"Nous ne sommes pas des soldats. Mais nous défendrons notre savoir-faire et notre vocation : aider le lecteur à se sentir citoyen. Ce n'est pas grand-chose mais c'est quelque chose. Avec une certitude mieux ancrée : maintenant, nous savons pourquoi nous faisons ce métier", martèle Laurent Joffrin.

 

"La liberté assassinée", clame Le Figaro qui publie les photos de six des victimes : les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski et le chroniqueur Bernard Maris.

 

Dans un éditorial intitulé "La guerre", le directeur Alexis Brézet annonce "une vraie guerre, menée non par des assassins de l'ombre, des tueurs méthodiques et organisés, dont la tranquille sauvagerie glace le sang".

 

"C'est la liberté qu'on assassine", renchérit L'Humanité. Pour Patrick Le Hyaric, "dans ces heures tragiques, dans un contexte où les tensions ne cessent de monter, la République une et indivisible, tolérante, laïque et sociale, doit plus que jamais s'affirmer. Elle doit résister et faire front contre ces lâches et ces barbares".

 

Le quotidien économique Les Echos appelle lui aussi à faire "Face à la barbarie" et publie le dernier dessin de Charb ainsi qu'un communiqué des éditeurs de presse "sous le choc après l'attentat d'une lâcheté et d'une gravité extrêmes".

 

L'éditorialiste Nicolas Barré s'en prend à "des salauds cagoulés (qui) ont déclaré la guerre à la France, à notre démocratie, à nos valeurs".

 

"Barbarie" sur fond noir est le titre également choisi par 20 Minutes.

La Croix évoque "La France meurtrie" avec un dessin de Deligne représentant un encrier renversé sur la liberté d'expression représentée sous forme d'une bulle de BD.

La directrice du journal catholique, Dominique Quinio, affirme que "les journalistes n'ont pas un statut d'exception devant la mort, mais s'attaquer aux médias, à la liberté d'informer (fût-ce de caricaturer), c'est refuser une société de débat, d'insolence et de pluralisme, c'est s'attaquer aux fondements de la démocratie".

 

Le Parisien/Aujourd'hui en France assure pour sa part qu'"Ils ne tueront pas la liberté" avec en photo de Une des manifestants brandissant les affichettes "Je suis Charlie".

 

"Nos seules armes face à la sauvagerie, c'est de redire, ensemble et clairement, que nous ne laisserons jamais assassiner notre liberté et nos valeurs", écrit le directeur du journal, Thierry Borsa.

 

Dans la presse économique, L'Opinion évoque "Charlie Hebdo : l'état de choc".

 

Même le quotidien sportif L'Equipe fait part de son effroi : "Liberté-barbarie 0-12", titre-t-il dans un dessin qui occupe toute sa Une.

 

En région, Ouest-France dénonce "Un crime contre notre liberté". Un dessin de Chaunu dans le quotidien breton rend hommage à ses confrères représentés en suppliciés ligotés à des crayons.

 

Pour François Régis Hutin, patron du journal breton, "l'abominable attentat qui nous meurtrit tous atteint, à travers les journalistes visés, tous ceux qui se veulent libres".

 

"Assassinés" écrit Le Télégramme.

 

NON dit simplement Sud-Ouest.

 

Pour Le Maine libre, "On a voulu tuer la liberté". Un bandeau noir recouvre le titre de La Dépêche du midi, comme celui de la République des Pyrénées. Le Havre libre s'est rebaptisé "Charlie libre". Paris Normandie est devenu "Charlie Normandie".

 

Autre dessin à la Une des Dernières Nouvelles d'Alsace : un buste de Marianne et un crayon criblés de balles baignent dans une mare de sang.

 

Le Courrier picard et Presse Océan, enfin, se risquent à l'humour noir dans le plus pur style du journal satirique : "Balles tragiques à Charlie Hebdo : 12 morts". Référence ultime à la fameuse Une de Hara Kiri sur la mort du général De Gaulle en novembre 1970 : "Bal tragique à Colombey : un mort", qui avait valu son interdiction au journal et sa renaissance sous le nom de Charlie Hebdo.

 

AFP