Loi Duplomb : La pétition qui bouscule l’Assemblée

Modifié : 21 juillet 2025 à 16h45 par Arthur Claude-Savoie

Jamais une pétition citoyenne n’avait suscité un tel raz-de-marée depuis l’ouverture du site de l’Assemblée nationale.

Loi Duplomb : La pétition qui bouscule l’Assemblée

En dix jours, la pétition contre la loi Duplomb a franchi le cap symbolique du million de signatures. Une contestation inédite contre un texte controversé.

Un million de signatures en dix jours, c’est du jamais vu. Ici, c’est la loi Duplomb qui est visée. Pour rappel, cette loi, adoptée le 8 juillet dernier, autorise, sous conditions, la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Ce dernier est interdit en France mais encore utilisé dans certains pays européens. Il est jugé indispensable par des producteurs de betteraves et de noisettes, qui dénoncent une concurrence déloyale. À l’inverse, écologistes, apiculteurs et ONG alertent sur ses risques pour la biodiversité et la santé humaine.

Mais c’est la vitesse d’adoption du texte, et surtout l’absence de débat concret, qui a mis le feu aux poudres. C’est ce qui a motivé une étudiante de 23 ans, Éléonore Pattery, à mettre en ligne une pétition contre cette loi. Mise en ligne le 10 juillet, elle crée un véritable mouvement et dépasse le million de signatures en dix jours, un record absolu. Du jamais-vu pour ce dispositif ouvert en 2019.

Comme le prévoit son règlement, dès 500 000 signatures, la mobilisation citoyenne peut déboucher sur un débat inédit à l’Assemblée nationale. La présidente Yaël Braun-Pivet s’est dite favorable à cette possibilité, tout en rappelant que cela ne remettrait pas en cause la loi.

Les réactions se multiplient. LFI appelle à renoncer à la promulgation, les écologistes demandent une seconde délibération et les ONG dénoncent « un recul environnemental majeur ». De leur côté, les grands syndicats agricoles défendent le texte, affirmant que l’agriculture française est en danger sans ces outils.

Cette mobilisation montre que la voix du peuple peut encore peser dans les décisions politiques. Même si la loi Duplomb a été votée, un million de citoyens qui s’y opposent, ça compte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, c’est un tournant : jamais une pétition n’avait eu un tel impact. Les députés sont sous pression, et même l’Élysée pourrait être obligé de réagir.