En Afrique, les obligations vertes gagnent du terrain malgré les défis
Modifié : 27 juin 2025 à 14h40 par Nadia Bencheikh
En Afrique, un instrument financier durable commence à s’imposer : les obligations vertes.
/medias/8huordnnf9/image/10001147791751026831295.png)
Au Nigeria, l’État a levé 59 millions de dollars en deux jours pour financer des projets d’énergies renouvelables et des infrastructures résilientes.
Ce succès est encourageant, mais il met aussi en lumière plusieurs défis majeurs, comme la stabilité économique et le risque de « greenwashing ».
Lisez aussi : Orages en France : deux morts, des blessés et d'importants dégâts dans le pays
Sur le continent, les émissions souveraines d’obligations vertes restent rares. Fonctionnant comme des obligations classiques, ces titres permettent aux investisseurs de prêter de l’argent à l’État en échange de coupons d’intérêts annuels.
La différence ? Les fonds levés sont exclusivement dédiés à des projets à impact environnemental positif.
Le Nigeria en tête d’un marché naissant, entre opportunités et risques
Fin juin, le Nigeria a annoncé le placement de 59 millions de dollars d’obligations vertes, avec un coupon attractif de 19 %, bien supérieur aux taux de 3 % en France ou 1,9 % en Chine.
L’objectif est de financer le renouvelable — qui devrait passer de 22 % à 60 % du mix énergétique d’ici 2050 —, la conservation de la nature, l’agriculture durable et des logements écologiques.
Pourtant, l’Afrique ne représente que 1 % du total mondial des émissions d’obligations vertes, malgré une hausse de 125 % en 2023.
L’instabilité macroéconomique, l’inflation, le risque de change et le manque de transparence réglementaire freinent l’essor de cet outil, comme l’explique Laju Atake de Rand Merchant Bank : « Il y a une pénurie d’obligations vertes en Afrique ».
Quelques pays ont toutefois pris les devants : le Nigeria dès 2017 et 2019, le Kenya pour des logements étudiants en 2019, la Tanzanie en 2023, ou encore la Côte d’Ivoire avec 1,5 milliard de dollars levés en 2024.
Le continent, qui ne produit que 3,8 % des gaz à effet de serre, est pourtant particulièrement vulnérable au changement climatique et bénéficie d’un fort potentiel solaire et éolien.
Experts et institutions insistent sur la nécessité de renforcer les cadres normatifs et d’assurer la rigueur des projets financés.
Les précédentes émissions nigérianes ont parfois donné lieu à du « greenwashing », avec des arbres mal entretenus et des promesses non tenues, souligne le chercheur Razaq Fatai.
L’Afrique, riche de ses ressources naturelles, pourrait ainsi devenir un acteur majeur du financement vert à condition d’améliorer la transparence, la gouvernance et la qualité des projets.
Titres diffusés
MAYADA AL HENNAWY
el chamss
MELHEM ZEIN
enssa 2011
MAJED FOUANI