Clichy-sous-Bois, vingt ans après : Driss Ettazaoui appelle à “plus de mixité et de considération” pour les quartiers populaires

Modifié : 28 octobre 2025 à 0h18 par Radio Orient

 Vingt ans après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, le vice-président de l’Association des maires, villes et banlieues de France, Driss Ettazaoui, revient sur les fractures sociales, la question du peuplement et le besoin de sécurité dans les quartiers populaires. Il appelle à dépasser les clichés et à renouer avec l’esprit de la République.

Clichy-sous-Bois, vingt ans après

Cela fait vingt ans que Zyed Benna et Bouna Traoré ont perdu la vie à Clichy-sous-Bois, après une course-poursuite avec la police. Leur mort, le 27 octobre 2005, avait provoqué trois semaines d’émeutes à travers la France et conduit à la proclamation de l’état d’urgence.

Invité du Grand Angle sur Radio Orient, Driss Ettazaoui, vice-président de la communauté d’agglomération d’Évreux et de l’Association des maires, villes et banlieues de France, a indiqué : « Ces territoires ont besoin de moyens humains, matériels et financiers. Nous avons des territoires qui décrochent et qu’il faut continuer d’accompagner. »

"Le droit à la normalité"

Pour l’élu, les habitants des quartiers populaires « ne demandent pas des privilèges », mais simplement « le droit à la normalité ».

« C’est la France qui se lève tôt, la France solidaire, celle de la méritocratie », rappelle-t-il, dénonçant l’opposition artificielle entre “deux Frances”.

Il plaide pour davantage de considération et de reconnaissance, estimant que la fracture n’est pas seulement économique mais aussi symbolique.

La mixité sociale, un enjeu central

Driss Ettazaoui insiste sur la nécessité d’une véritable politique de peuplement. « On ne peut pas mieux vivre ensemble si l’on est parqués entre nous. Il faut sortir de cette logique qui concentre la pauvreté et les communautés », a-t-il martelé.

Pour lui, la diversification du peuplement doit être une priorité des politiques de logement, soulignant qu’il « faut que les bailleurs sociaux permettent un peuplement diversifié pour que la France soit unie dans sa diversité. »

Police et habitants : rétablir la confiance

Contrairement aux idées reçues, il rejette l’idée d’une défiance généralisée entre la police et les habitants. « C’est un fantasme de penser que la population rejette la police. Dans nos quartiers, on aime la police et on souhaite qu’elle soit plus présente », a-t-il dit.

Il reconnaît néanmoins la nécessité d’une police exemplaire. « La police n’a pas droit à l’erreur. Ceux qui fautent doivent être sanctionnés pour préserver l’honneur de l’uniforme», a estimé l’élu.

Après l’affaire Nahel, une image à rééquilibrer

Revenant sur l’émotion suscitée par la mort de Nahel Merzouk à Nanterre en 2023, Driss Ettazaoui estime que ce drame a rouvert des plaies jamais refermées depuis Clichy-sous-Bois. Il appelle à tirer les leçons de ces crises successives pour refonder la relation entre les institutions et les citoyens des quartiers populaires.

Il déplore aussi le traitement médiatique souvent réducteur de ces territoires : « Il faut montrer ce qui ne va pas, mais aussi ce qui fonctionne. Il existe un tissu associatif formidable, une jeunesse engagée, des réussites qui méritent d’être visibles », insiste-t-il.

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