Quel est l’état de l’enseignement scolaire de l’arabe en France ?

Modifié : 28 mai 2025 à 19h33 par  Nawal El Hammouchi

Un récent rapport sur les Frères musulmans préconise d’encourager l’enseignement de l’arabe dans les écoles, afin de ne pas laisser ce domaine aux seules écoles coraniques.

Quel est l’état de l’enseignement scolaire de l’arabe en France ?
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Pourtant, en France, l’enseignement scolaire de l’arabe reste encore très peu développé, en partie à cause d’une politisation excessive du sujet, soulignent syndicats et enseignants.

 

L’arabe dialectal est pourtant la deuxième langue la plus parlée en France, avec trois à quatre millions de locuteurs. Pourtant, seuls 410 collèges et lycées proposent son enseignement, essentiellement en tant que deuxième langue vivante, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale.

Il recense 222 professeurs d’arabe et plus de 18 000 élèves arabisants dans le secondaire, un chiffre en progression (11 000 élèves en 2017), mais qui reste très faible comparé aux 41 000 élèves étudiant le chinois, ou encore aux 5 millions d’élèves du secondaire dans leur ensemble.

Pour le syndicat Unsa, « par rapport à la demande des familles, cet enseignement est probablement sous-proposé ».

 La secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré, estime quant à elle que cet enseignement est « très clairement sous-dimensionné » et qualifie cette situation de « manquement de l’Éducation nationale ».

 L’arabe est aussi proposé dans certaines écoles élémentaires, notamment via des enseignements internationaux de langues étrangères. Ces cours facultatifs, en plus des heures de classe, sont dispensés par des professeurs envoyés par les pays partenaires tels que le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie.

Ce dispositif concerne cependant un nombre limité d’élèves : 80 000 enfants suivent ces enseignements internationaux, dont environ 60 000 en arabe à la rentrée 2024, selon le ministère.

 Le développement des cours d’arabe à l’école est un véritable « serpent de mer ». Ce sujet « polarise et électrise », constate une représentante de la CFDT Éducation. « Chaque fois que cette idée émerge dans l’espace public, elle est caricaturée et vivement critiquée, notamment par l’extrême droite et une partie de la droite », ajoute-t-elle, ce qui explique l’absence de changements majeurs depuis plusieurs années.

 Pour Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France, l’apprentissage de l’arabe devrait concerner « l’ensemble des Français, car c’est une langue de civilisation et une langue de travail à l’ONU ».

Selon lui, cet enseignement ne doit en aucun cas être confondu avec une démarche confessionnelle, mais s’inscrire dans une vraie perspective pédagogique et culturelle.