Prisons françaises : surpopulation record et canicule, un cocktail explosif
Modifié : 2 juillet 2025 à 19h45 par Arthur Claude-Savoie
Avec plus de 84.000 détenus pour un peu plus de 62.000 places, les prisons françaises battent un nouveau record de surpopulation.
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Un contexte alarmant, d’autant plus exacerbé par la canicule, qui met à rude épreuve des établissements vétustes et un personnel déjà sous tension.
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La barre symbolique des 84.000 détenus a été franchie au 1er juin 2025. Jamais les prisons françaises n’avaient atteint de tels chiffres : 84.447 personnes incarcérées pour seulement 62.566 places opérationnelles, soit une densité carcérale moyenne de 135 %. Dans 23 établissements, ce taux dépasse même les 200 %.
La situation est particulièrement tendue dans les maisons d’arrêt, qui accueillent les personnes en attente de jugement et celles condamnées à de courtes peines.
Avec une densité de 165,6 %, ces établissements concentrent une grande partie de la crise. Plus de 22.000 prévenus, encore présumés innocents, y sont incarcérés dans des conditions de plus en plus dégradées.
À cette surpopulation chronique s’ajoute désormais l’urgence climatique. La vague de chaleur qui frappe actuellement le pays aggrave les conditions de détention dans des bâtiments souvent anciens, mal isolés, sans ventilation ni climatisation.
Le plan canicule a été déclenché fin juin : il prévoit un accès élargi aux douches et l’adaptation des horaires de promenade. Mais ces mesures restent insuffisantes selon les syndicats.
"On sait gérer la chaleur, pas la promiscuité à quatre dans une cellule", déplore Jean-François Fogliarino, du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT).
Les surveillants, eux aussi, souffrent de cette situation. Les fortes températures rendent les conditions de travail encore plus éprouvantes, entre uniformes étouffants et points d’eau insuffisants.
Face à cette double crise, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, évoque le transfert de détenus depuis les établissements les plus saturés — notamment dans le Sud-Ouest — vers des prisons moins pleines.
Une solution temporaire, qui ne résout pas le fond du problème.
Troisième pays le plus touché par la surpopulation carcérale en Europe, derrière Chypre et la Roumanie, la France fait figure de mauvais élève. Et malgré les alertes répétées des professionnels, la crise continue de s’enliser, aggravée aujourd’hui par un climat de plus en plus extrême.