Moyen-Orient : Le Liban prépare une loi inédite pour mettre fin aux mariages précoces

26 août 2014 à 14h10 par La rédaction

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Pour lutter contre les unions précoces, phénomène largement aggravé par l'afflux de réfugiés syriens, le Liban prépare une loi unique dans le monde arabe.

 

"Nous avons rédigé le premier projet qui règlemente le mariage des mineurs", explique à l'AFP Me Fadi Karam, le secrétaire général de la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL), l'institution officielle des droits de la femme au Liban.

 

Dans ce petit pays aux 18 communautés, ce sont les tribunaux religieux et non civils qui régissent le statut personnel et définissent l'âge de nubilité de leurs fidèles. Pour les musulmans, il est de 18 ans chez les garçons et de 14 à 17 ans chez les filles. Pour les chrétiens, l'âge varie entre 16 et 18 ans chez les garçons et de 14 à 18 ans chez les filles.

 

"Mais les familles peuvent obtenir auprès du tribunal religieux une dérogation autorisant le mariage plus tôt", explique l'avocat.

 

L'âge pour les filles peut être ainsi abaissé à 9 ans chez les musulmans qui représentent les deux tiers de la population libanaise.

 

"Pour une meilleure protection des enfants, il faut une complémentarité entre les autorités religieuse et civile", assure Me Karam.

 

Selon une source proche du dossier, le juge des mineurs devrait être consulté pour les dérogations. S'il refuse, cela n'annulera pas le mariage mais la famille et celui qui a prononcé le mariage devront payer une amende.

 

Il n'existe aucune statistique sur les mariages précoces, mais ils se pratiquent surtout dans les régions rurales du Akkar (nord) et de la Bekaa.

 

"C'était un phénomène marginal tant au Liban qu'en Syrie, mais depuis la guerre dans le pays voisin, marier une fille signifie une bouche en moins à nourrir", explique Jihane Latrous, spécialiste de la protection des enfants à l'UNICEF. Les familles ont aussi peur que leurs filles soient agressées dans la promiscuité des camps de réfugiés.

 

"Il s'agit d'un trafic. On marie les jeunes filles contre de l'argent ou un loyer," s'insurge Rita Chemaly, une responsable du CNFL, en citant le cas d'une fillette vendue 3.000 dollars.

 

Ce projet de loi doit être présenté au Parlement libanais mais celui-ci, qui doit avant tout élire un président de la République, est paralysé par les divisions politiques.

 

Avec AFP