Les élections législatives turques, mode d'emploi

31 octobre 2015 à 11h15 par La rédaction

RADIO ORIENT
Les Turcs choisissent dimanche leurs députés à l'occasion d'élections législatives anticipées, cinq mois à peine après un premier scrutin qui a vu le parti du président Recep Tayyip Erdogan perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans. Cette consultation se déroule dans un climat d'extrême tension après la reprise du conflit kurde et, surtout, l'attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara.  Voici quelques chiffres et clés pour suivre ce scrutin: - les chiffres Selon le Haut-conseil électoral (YSK), un total de 54.049.940 électeurs de Turquie (pour une population de 77,6 millions d'habitants) sont appelés aux urnes, un chiffre en hausse d'environ 400.000 depuis les législatives du 7 juin. Plus de 2,8 millions de citoyens turcs résidant à l'étranger ont déjà pu voter ces dernières semaines dans leurs consulats. Les premiers des 175.000 bureaux de vote seront ouverts à partir de 07h00 et les derniers fermeront à 17h00 locales (04h00-14h00 GMT). - le mode de scrutin Les députés turcs sont élus en un seul tour au scrutin de liste dans chacune des 81 provinces du pays. Les sièges y sont attribués proportionnellement au nombre de voix qu'ils obtiennent, selon un système appelé loi de Hondt. Afin de favoriser des majorités stables, seuls les partis qui réunissent plus de 10% des suffrages au niveau national participent à cette répartition. Très critiqué car injuste, ce système existe dans d'autres pays européens, où le plancher de représentation est toutefois limité à 5%. En Turquie, il avait permis en 2007 à l'AKP de M. Erdogan d'enlever 62% des sièges (341) avec seulement 46,5% des voix. - la sécurité Des élus de l'opposition se sont inquiétés du bon déroulement du scrutin dans le sud-est à majorité kurde du pays, théâtre depuis trois mois de violents affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le ministre de l'Intérieur Selam Altinok a annoncé la mobilisation de 255.000 policiers et 130.000 gendarmes pour assurer la sécurité le jour de l'élection. - les forces politiques en présence Si le YSK a officiellement enregistré 16 partis pour ces élections, seuls quatre d'entre eux sont susceptibles de faire leur entrée au Parlement. Au pouvoir depuis 2002, l'AKP a remporté tous les scrutins et renforcé ses positions à chaque législative (34,2% en 2002, 46,5% en 2007, 49,9% en 2011). Mais, victime du déclin de l'économie et des critiques sur sa dérive autoritaire, il a reculé en juin (40,6%). Il est crédité d'un score équivalent qui lui permettra de regagner la majorité absolue. Héritier du père fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) dénonce à tour de bras la dérive autoritaire et islamiste de M. Erdogan. Mais il souffre de l'absence d'un chef emblématique. Il est crédité de 26 à 28% des suffrages. Il en avait réuni 25,1% il y a cinq mois. Très à droite, le Parti de l'action nationaliste (MHP) espère profiter de l'effritement de la base conservatrice de l'AKP et de la reprise du conflit kurde. Il avait totalisé 16,4% le 7 juin, les sondages lui prédisent un score légèrement inférieur dimanche. Porte-voix de la minorité kurde (20% de la population), le Parti démocratique des peuples (HDP) devrait franchir le seuil de 10% des voix, comme en juin. Grâce à son charismatique chef de file Selahattin Demirtas, 42 ans, il s'est transformé en un parti de gauche, moderne, tourné vers toutes les minorités. Il est crédité de 12 à 15% des voix. L'AKP a remporté le 7 juin 258 sièges de députés, devant le CHP (132), le MHP et le HDP (80 chacun). AFP