La France en deuil met ses drapeaux en berne et frappe de nouveau en Irak

25 septembre 2014 à 17h28 par La rédaction

RADIO ORIENT
La France a mené jeudi de nouvelles frappes aériennes en Irak et décrété la mise en berne de ses drapeaux après la décapitation de son otage par des jihadistes algériens qui suscite une émotion profonde dans tout le pays.

 

"Il y a eu des frappes ce matin en Irak", a annoncé le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, à l'issue d'un Conseil des ministres suivi d'un Conseil de défense.

 

C'est la deuxième fois depuis une semaine que les bombardiers français conduisent un tel raid en appui de l'offensive américaine, après la destruction vendredi d'un dépôt d'armes de l'organisation Etat islamique (EI). Les attaques de l'armée américaine sont quasi quotidiennes en Irak depuis le 8 août.

 

Aucune précision n'a été donnée dans l'immédiat sur la cible.

 

Le président François Hollande a par ailleurs décidé la mise en berne des drapeaux français "vendredi, samedi et dimanche", en hommage à l'otage exécuté, Hervé Gourdel, et afin de répondre à la grande émotion qui a submergé le pays depuis l'annonce de sa décapitation.

 

Un hommage à ce montagnard de 55 ans était prévu en fin d'après-midi à Saint-Martin-Vésubie, petit village de l'arrière-pays niçois (sud) où l'otage avait créé un bureau des guides. "Le village est en deuil. Sont également en deuil, tous les amis de la montagne", a déclaré à l'AFP son maire, Henri Giuge, très ému.

 

L'armée algérienne menait dans la journée une vaste opération pour retrouver le corps de l'otage français décapité et "neutraliser" Jund al-Khilafa qui a revendiqué son assassinat, a indiqué une source sécuritaire à l'AFP. Selon une autre source, près de 3.000 militaires participent à cette opération.

 

 
- Crime et barbarie -
 

 

Aucune indication n'a été donnée sur les décisions qui ont pu être prises lors du Conseil de défense tenu à Paris. Outre l'intensification des frappes en Irak, la Syrie (où la France a refusé jusqu'ici de s'engager avec des raids), et un éventuel renforcement des mesures de sécurité en France et pour les ressortissants à l'étranger étaient sur la table.

 

Jeudi matin, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian n'avait pas exclu une extension des frappes à l'avenir en Syrie. Interrogé par la radio RTL sur cette hypothèse, le ministre a répondu: "C'est une opportunité qui ne se présente pas aujourd'hui" mais c'est "une question qui est posée".

 

Devant le Conseil des ministres, le chef de l'Etat a fait valoir jeudi que "trois principes guidaient l'action de France : la détermination, le sang-froid et la vigilance" face à la menace jihadiste. "Face à cette menace, il faut une unité nationale", a-t-il déclaré, cité par M. Le Foll.

 

La veille à l'ONU, le président français avait souligné que le "lâche" et "odieux" assassinat d'Hervé Gourdel, un guide de haute montagne de 55 ans exécuté par le groupe algérien Jund al-Khilafa affilié à l'EI, renforçait sa "détermination" à lutter contre cette dernière organisation au Moyen-Orient.

 

Une partie de l'opposition de droite, qui épouse majoritairement la ligne adoptée par M. Hollande depuis l'entrée en guerre de la France le 18 septembre, a réclamé jeudi que des raids soient aussi menés en Syrie.

 

Si "l'objectif est de détruire l'Etat islamique (...) il faut mettre pour le moment de côté la question de Bachar al-Assad", a estimé l'ex-Premier ministre de droite François Fillon. La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen a réclamé au contraire une coopération "avec le gouvernement syrien" en critiquant la stratégie française.

 

"LE CRIME", "la barbarie", "décapité parce que Français": la photo d'Hervé Gourdel, souvent cerclée de noir, barrait jeudi la Une de l'ensemble de la presse française et de nombreux éditorialistes évoquaient dans cet assassinat une déclaration de "guerre".

 

En France, où réside la plus grande communauté musulmane en Europe (cinq millions de personnes), le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a appelé "les musulmans et leurs amis" à se rassembler vendredi devant la Mosquée de Paris, en hommage à Hervé Gourdel.

 

AFP