L'opposition syrienne maintient le suspens sur sa participation à Genève

28 janvier 2016 à 16h59 par La rédaction

RADIO ORIENT
L'incertitude persiste à la veille de l'ouverture prévue des pourparlers de paix sur la Syrie à Genève sur la participation des groupes clés de l'opposition syrienne, qui doivent se décider jeudi à Ryad. En Syrie, les violences ne connaissaient aucun répit, avec la mort en 24H de 54 civils dans des frappes russes sur des zones tenues par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord et l'est, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). A Ryad, les discussions se poursuivent pour le troisième jour consécutif dans un hôtel où sont réunis à huis clos les responsables du Haut comité des négociations (HCN), a constaté un journaliste de l'AFP. Cette instance a été créée en décembre pour représenter les principaux groupes politiques et armés de l'opposition aux négociations indirectes avec le régime de Bachar al-Assad.  "Le HCN n'a pas pris de décision pour participer ou ne pas participer à Genève", a indiqué à la mi-journée une source proche du comité. Elle n'a pas précisé quand pourrait être annoncée cette décision. Cette incertitude préoccupe la communauté internationale, qui compte sur ces négociations pour trouver une solution politique à un conflit ayant fait plus de 260.000 morts et déplacé des millions de personnes depuis 2011. Elle y voit aussi un moyen de concentrer les forces sur la lutte contre l'EI. Les Etats-Unis, qui dirigent la coalition internationale contre l'EI, a exhorté mercredi soir l'opposition à participer "sans conditions préalables" aux pourparlers.  C'est "une occasion historique d'aller à Genève et de proposer des moyens concrets de mettre en oeuvre un cessez-le-feu, un accès humanitaire et d'autres mesures susceptibles de redonner confiance", a fait valoir un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner. Quoiqu'il en soit, l'optimisme n'est pas de mise pour les négociations de Genève, qui ont été reportées de lundi à vendredi.  "Soyons réalistes, les chances de succès de ces négociations sont incroyablement minces", a confié un diplomate du Conseil de sécurité à New York sous le couvert de l'anonymat. - Réponses positives - Le HCN a indiqué jeudi avoir reçu des réponses, jugées satisfaisantes, à des questions qu'il avait posées à l'émissaire spécial de l'ONU Staffan de Mistura. Mais, il a précisé en attendre d'autres du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Dans sa réponse, M. de Mistura a "souligné que les articles 12 et 13, dont nous avons réclamé l'application (...) ne sont pas négociables", a déclaré Salem al-Meslet, porte-parole du HCN, dans un communiqué. Dans ces deux articles de la résolution 2254, adoptée en décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à un arrêt des bombardements des zones civiles et à un accès aux civils dans les zones assiégées. "L'ONU approuve une résolution pour faire entrer de l'aide humanitaire puis nous demande de discuter de cette question sur la table des négociations. Nous demandons à Ban Ki-Moon des clarifications", a indiqué une source proche du HCN. Mercredi, devant le conseil de sécurité, le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien avait dénoncé les obstacles mis par le régime à la livraison de l'aide humanitaire, estimant son attitude "inacceptable". - Réunion à Munich? - Le HCN, qui insiste pour être le seul représentant de l'opposition aux négociations, avait indiqué plus tôt avoir réclamé à M. de Mistura des précisions sur "la nature des invitations" adressées à des opposants ne faisant pas partie de cette instance. Mais il semble désormais que la question qui le préoccupe soit davantage l'ordre du jour des pourparlers.  La résolution 2254, sur laquelle se basent les pourparlers, prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. L'opposition exige le départ de M. Assad au début de la période de transition. La Russie, qui mène une intense campagne de raids aériens en appui au régime, a proposé jeudi d'organiser des discussions internationales sur la Syrie avec des responsables occidentaux, arabes et iraniens le 11 février à Munich, en Allemagne.  Pour faire face à l'ampleur de la crise humanitaire, une conférence des donateurs prévue à Londres la semaine prochaine va faire pression sur les Etats pour qu'ils doublent leur contribution financière, a annoncé mercredi la Grande-Bretagne. Les discussions doivent porter sur l'aide à apporter à quelque 13,5 millions de personnes en situation de vulnérabilité ou déplacées en Syrie, ainsi qu'aux 4,2 millions de Syriens qui ont fui pour se réfugier dans des pays voisins comme la Jordanie ou le Liban. AFP