En Mauritanie, une plante nuisible devient source dâ??énergie
11 septembre 2015 à 16h51 par La rédaction
Transformer une nuisance en une ressource énergétique renouvelable : c'est le pari réussi de l'Institut supérieur d'enseignement technologique (ISET) de Rosso en Mauritanie, du parc national du Diawling, et du GRET, ONG française de développement, de valoriser en charbon le Typha, cette plante qui envahit le fleuve Sénégal. Une innovation distinguée, mercredi 9 septembre, par le prix Convergences 2015 qui récompense les projets à fort impact social ou environnemental.
Cela faisait près de quinze ans que les habitants de la région de Rosso subissaient les effets dévastateurs de cette plante invasive quand a germé, en 2010, l'idée de cette valorisation. Depuis la mise en service en 1986 du barrage anti-sel de Diama à 27 km de l'embouchure du fleuve Sénégal, le Typha a trouvé un terrain d'eau douce propice à sa prolifération. Et ce tapis vert qui se développe depuis les rives et s'étale sur le fleuve, progresse d'année en année. Il s'étend aujourd'hui sur 130 km en amont de l'embouchure.
Sur les bras du fleuve, le long des digues, sur le pourtour des plans d'eau, dans les zones marécageuses, le Typha est partout. Il bouleverse non seulement tout l'écosystème du delta, changeant la qualité de l'eau, absorbant oxygène et lumière et empêchant ainsi la pousse d'autres plantes. Mais il perturbe aussi toute l'activité économique de la région, réduisant les zones de productions agricoles et piscicoles habituelles des populations, privant celles-ci de couloirs de navigation, obstruant les canaux d'irrigation, restreignant l'eau vive pour abreuver leurs animaux... Et le Typha entraînant la stagnation de l'eau propice à la prolifération de moustiques et de parasites, les populations voient aussi de nouvelles maladies se développer.
« 25 000 hectares envahis »
« Côté Mauritanie, ce sont 25 000 hectares qui sont ainsi envahis par le Typha, souligne Julien Cerqueira, expert énergie au GRET. On aura beau dépenser des millions d'euros pour le couper, l'arracher, le brûler, il n'existe aucune méthode vraiment efficace pour se débarrasser de cette plante qui repousse sans cesse. Faute de pouvoir l'éradiquer, nous avons ainsi cherché à la valoriser. » Le projet, financé par la communauté européenne, a ainsi visé à concevoir une méthode, dans un premier temps artisanale, de conversion de cette biomasse en bio-charbon comme alternative au charbon de bois.
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