Des réfugiées syriennes jouent "Antigone" pour raconter leur tristesse

11 décembre 2014 à 17h13 par La rédaction

RADIO ORIENT
Des Syriennes exilées à Beyrouth montent sur scène "Antigone", du célèbre dramaturge grec Sophocle, une pièce tragique qui leur permet de témoigner de leur tristesse d'avoir fui leur pays ravagé par la guerre.

 

Les 20 femmes, qui se produisent jusqu'à vendredi au théâtre Médina, n'avaient jusqu'à présent aucune expérience du jeu d'acteur et venaient de milieux conservateurs.

 

"L''Antigone de Syrie' nous permet d'exprimer notre chagrin", explique à l'AFP Mona, 29 ans, la narratrice.

 

Dans la pièce, les actrices interprètent leurs expériences douloureuses à travers les épreuves endurées par la rebelle Antigone, dont les deux frères s'affrontent dans une brutale guerre civile.

 

Polynice et Etéocle s'entretuent et Antigone est exécutée par son oncle Créon, roi de Thèbes, pour avoir enterré Polynice contrairement aux ordres du souverain qui le considérait comme un traitre et voulait le laisser sans sépulture.

 

Pour Mohammad al-Attar, le metteur en scène de 33 ans, il s'agit de montrer "la bataille actuelle de la femme syrienne".

 

Il a pour cela adapté le texte ancien à la réalité actuelle de laSyrie: la pièce évoque les arrestations aux points de contrôle gouvernementaux, le harcèlement par les groupes rebelles, la quête d'espoir et la lutte des femmes contre les barrière sociales.

 

"Nous trouvions très difficile de partager notre peine mais nous avons pu l'exprimer avec cette pièce et en parler", souligne Mona, une ancienne enseignante qui a perdu son fils atteint d'un cancer car elle était incapable de lui assurer un traitement à cause de la guerre civile.

 

Dans l'une des scènes, une jeune femme de la province méridionale de Deraa, où la révolte contre le régime de Bachar al-Assad a commencé en mars 2011, se rebelle lorsque son mari lui enjoint de porter le niqab, le voile intégral.

 

Une autre scène montre une réfugiée tentant de convaincre son père de la laisser travailler dans un salon de coiffure.

 

Fadwa, une veuve de 58 ans mère de cinq enfants, explique avoir été très réticente à jouer avant de n'accepter qu'en raison de la petite compensation financière promise.

 

"Maintenant je suis prête à jouer même gratuitement", assure fièrement cette palestinienne de Syrie, qui a perdu un fils tué par balles dans le camp palestinien de Yarmouk.

 

AFP