COP 21 : journée test à Paris pour savoir si un accord est à portée de main

9 décembre 2015 à 15h08 par La rédaction

RADIO ORIENT
Un nouveau projet de texte, pour sceller un pacte contre les conséquences les plus dramatiques du réchauffement de la planète, est attendu mercredi à l'issue de tractations entre les 195 pays et permettra de mesurer le chemin à parcourir avant l'accord final. "On attend beaucoup de ce nouveau texte, c'est le premier depuis samedi", a commenté Matthieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot.  "Il va falloir en évaluer le niveau d'ambition car si la méthode de travail, saluée par tous, est bonne, mais que l'accord n'est pas à la hauteur, ce ne sera pas du tout satisfaisant", a ajouté le porte-parole de l'ONG. Selon Pierre Cannet du WWF, "la France se montre habile, ménage les susceptibilités des uns et des autres et il n'y a pas eu de clash sur la manière de procéder". "Mais si cette fluidité sert la conclusion d'un accord, elle ne sert pas forcément son ambition", prévient-il également.  "Nos experts craignent que les négociateurs se mettent d'accord sur le plus petit dénominateur commun sur plusieurs sujets clés", a même avancé Oxfam dans un communiqué.  La nouvelle mouture du projet d'accord a été couchée sur le papier dans la nuit par la présidence française, à partir des rapports des facilitateurs qui ont dirigé depuis dimanche soir plusieurs groupes de travail. "Je me suis engagé à remettre à 13H00 (12H00 GMT) un nouveau texte, plus court, comprenant moins d'options et sur lequel mes collaborateurs et moi même travailleront toute la nuit", avait indiqué mardi soir à la presse Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et président de cette COP21. Mercredi matin, le secrétariat de la Convention climat de l'ONU a annoncé que le texte ne serait finalement présenté qu'à 15H00 (14H00 GMT), sans donner d'explications. L'accueil du nouveau document constituera un test pour la présidence française de la conférence du Bourget, dont tous les pays ont salué jusqu'ici la manière de conduire les débats. Si les pays acceptent de négocier sur la base de ce nouveau document, un long tunnel de discussion va s'engager mercredi après-midi, une fois que les ministres l'auront analysé et qu'ils se retrouveront pour trancher les nombreux points encore en débat. - Longue nuit en perspective - "On fera en fin d'après-midi une réunion du +comité de Paris+ (séance plénière avec tous les pays) et ensuite on doit se préparer à avoir des négociations dès ce soir, cette nuit", a déclaré à l'AFP Laurent Fabius, mercredi matin. Le ministre français compte sur une adoption finale de l'accord de Paris vendredi à 17H00 GMT. Selon James Fletcher, ministre de l'Energie de Sainte-Lucie et l'un des facilitateurs des groupes de travail thématiques, "c'est un jour décisif et je pense que la nuit va être très longue". De nombreux points restent en effet problématiques. Quels objectifs de long terme inscrire dans l'accord concernant la trajectoire vers une économie bas carbone? Quand revoir les objectifs d'émissions de gaz à effet de serre des Etats, qui sont à ce jour insuffisants pour limiter la hausse de la température en deça 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle? Comment garantir la transparence des actions des nations?  Autre sujet majeur de friction: l'aide financière aux pays du Sud pour faire face au réchauffement dont ils sont les premières victimes. Commment la comptabiliser (prêts, dons...) et quels pays doivent contribuer? Les pays émergents, Inde en tête, ont dit mardi être déçus de l'ambition affichée par les pays développés, en particulier sur les financements. Les pays développés eux ne démordent pas de leur volonté de voir d'autres pays, dont le niveau de vie s'est beaucoup amélioré, devenir des donateurs. Cela vise par exemple des pays du Golfe, la Corée du Sud, le Brésil, etc.  L'accord de Paris doit définir un cadre général à l'action des pays pour les 15 à 20 prochaines années, qui seront décisives pour l'avenir de la planète.  Il doit donner un coup d'accélérateur à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, qui passe par le développement des énergies renouvelables et l'abandon progressif des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) et une gestion différente des forêts et des terres agricoles.  Le thermomètre mondial a déjà gagné 0,85 degré depuis l'ère pré-industrielle, ce qui aggrave déjà des phénomènes météorologiques comme les inondations ou les sécheresses et met en péril, dans de nombreuses régions, la production agricole et les ressources marines.  AFP