Algérie : Changer de nom pour tirer un trait sur le passé colonial

4 février 2014 à 15h31 par La rédaction

RADIO ORIENT

Ils sont plus de 30 000 à avoir fait la démarche depuis l'indépendance du pays en 1962. En 2013, ce sont 634 personnes qui ont déposé une demande de changement de nom en Algérie.

 

Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter en 1882, période où la France occupait l'Algérie. Cette année-là, les Algériens doivent s'inscrire sur les registres d'état civil français pour déclarer un nom de famille « francisé ».

 

Le problème, c'est que la traduction et la transcription de la langue arabe à la langue française a été mal appliquée, ou a complètement été ignorée et remplacée par des patronymes insultants.

 

Les moyens à disposition de la langue française ne permettaient pas une retranscription littéralement correcte. La traduction et la transcription de la langue arabe à la langue française a été par conséquent mal appliquée.

 

Si certains Algériens s'en sortent avec une mauvaise traduction, d'autres sont victimes de l'imagination des officiers français qui les affublent de sobriquets peu flatteurs, souvent en rapport avec une particularité physique. Pire, ceux qui refusaient de choisir un nom se voyait attribuer les initiales SNP, pour « Sans Nom Patronymique ».

 

Dans une interview accordée au quotidien en ligne TSA, deux sociologues expliquent l'intérêt de cette démarche et confortent la décision des intéressés :

 

Le sociologue M. Aliane parle de « regard dur et moqueur que porte la société algérienne sur ces personnes ayant, généralement, des noms à connotation insultante ou vulgaire ». De son côté, le sociologue Feradji Mohammed Akli estime que : « Certains noms sont basés sur des a priori  et des jugements de valeurs. [...] Le plus important chez l'être humain est l'identification de soi. Avoir un nom insultant ou vulgaire peut poser un problème psycho-social pour la personne. Le changement de nom est une manière de s'identifier et de s'affirmer ».

 

Aujourd'hui, il n'y a plus aucun « SNP » dans le pays mais chaque année, des centaines de personnes procèdent à un changement de nom pour récupérer la généalogie initiale de leur famille et, surtout pour couper tirer un trait sur une partie douloureuse de l'Histoire Algérienne.

 

Source : TSA/Jeune Afrique