Le Festival d’Avignon 2025 célèbre la langue arabe, voix de création et de résistance
Modifié : 4 juillet 2025 à 20h36 par Nawal El-Hammouchi
Langue de dialogue et de richesse, cinquième langue la plus parlée au monde, l’arabe est à l'honneur au 79e Festival d’Avignon, célébré à travers des spectacles de danse et de musique portés par une quinzaine d’artistes.
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Après avoir mis à l'honneur la langue anglaise en 2023, puis l'espagnol en 2024, le Festival continue d’élargir ses horizons à travers sa programmation. Il espère ainsi toucher un public plus large et plus diversifié.
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Le chorégraphe et dramaturge libanais Ali Chahrour, basé à Beyrouth, puise dans l’actualité politique, religieuse et culturelle de son pays. La pièce qu’il présente ce samedi, Lorsque j’ai vu la mer, a été créée durant la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah pro-iranien à l’automne 2024, lorsque des centaines de travailleuses migrantes ont été abandonnées par leurs employeurs fuyant les bombardements israéliens.
« En cette période très difficile que traverse le monde arabe, c’est une bonne chose que ces voix et cette langue soient entendues à Avignon », a déclaré l’artiste.
Autre artiste engagé : Bashar Murkus, représentant d’un théâtre palestinien indépendant. Ce jeune metteur en scène, fondateur en 2015 du Théâtre Khashabi à Haïfa, dans le nord d’Israël, revendique une pratique indépendante, sans subvention du gouvernement israélien.
En 2014, avec The Parallel Time, il abordait la question sensible des prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. En 2022, son spectacle Milk, présenté à Avignon, interrogeait le rôle des femmes dans la guerre. Cette année, il revient avec Yes Daddy, un spectacle qui raconte l’histoire d’un vieil homme, et qui sera l’un des rares à faire entendre la langue arabe au Festival.
La metteuse en scène franco-irakienne Tamara Al Saadi, active en France depuis 2012, ponctue quant à elle sa pièce Taire de chants arabes, avec une partition spécialement composée par un musicien libanais.
Voix majeure du monde arabe, la diva égyptienne Oum Kalthoum, disparue il y a 50 ans, est au cœur d’une création musicale réunissant les chanteuses françaises Camélia Jordana, Souad Massi (franco-algérienne), ainsi que le rappeur franco-algérien Danyl, influencé par le raï.
Par ailleurs, Nour, une nuit de concerts, lectures et projections, est organisée en partenariat avec l’Institut du monde arabe de Paris.
Enfin, la romancière franco-marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 pour Chanson douce, proposera, dans le cadre des Fictions de France Culture, un texte inédit dans lequel elle s’interroge :
« Pourquoi est-ce que je ne parle pas l’arabe, ma langue ? »