Journalistes tués à Homs : la justice française vise des hauts responsables du régime de Bachar al-Assad

Modifié : 16 juillet 2025 à 11h47 par Loïc Barrière

Treize ans après la mort de deux journalistes dans un bombardement à Homs, la justice française relance ses investigations.

    Journalistes tués à Homs : la justice française vise des responsables du régime al-Assad

Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a demandé la localisation d’une vingtaine de hauts responsables syriens, soupçonnés d’avoir participé à un plan visant à cibler délibérément un centre de presse dans la ville syrienne, alors assiégée par les forces du régime.

Le 21 février 2012, des journalistes occidentaux couvrant le conflit syrien s’étaient réfugiés dans une maison du quartier de Bab Amr, à Homs, transformée en centre de presse par l’opposition. Aux premières heures du matin, des détonations les réveillent.

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Le quartier est pilonné par l’armée syrienne. Un obus de mortier frappe directement la maison. La journaliste américaine Marie Colvin, 56 ans, et le photographe français Rémi Ochlik, 28 ans, sont tués sur le coup. Plusieurs autres journalistes, dont la Française Edith Bouvier, sont grièvement blessés.

À Paris, une enquête est ouverte dès mars 2012 pour meurtre et tentative de meurtre sur des ressortissants français. En 2014, les faits sont requalifiés en crimes de guerre, et en décembre 2024, les juges élargissent les poursuites à des crimes contre l’humanité.

 Le parquet affirme désormais disposer d’éléments accréditant « l’existence d’un plan commun » pour bombarder le centre de presse de Bab Amr, plan qui aurait été discuté la veille de l’attaque lors d’une réunion rassemblant les principaux responsables militaires et sécuritaires syriens présents à Homs.

Dans ce cadre, la justice française demande aux juges d’instruction de localiser une vingtaine de personnes, dont plusieurs proches du président syrien. Figurent notamment Maher al-Assad, frère du président et chef de la 4ᵉ division blindée à l’époque, Ali Mamlouk, alors directeur des renseignements généraux syriens, Ali Ayoub, chef du comité sécuritaire de Homs, et Rafiq Shahada, haut responsable sécuritaire dans la région au moment des faits.

Le nom de Bachar al-Assad lui-même apparaît dans la procédure, bien que sa mise en cause directe reste délicate en raison de son statut de chef d’État.

Pour les parties civiles, cette initiative du PNAT représente une avancée significative dans la lutte contre l’impunité. Maître Clémence Bectarte, avocate d’Edith Bouvier, salue « un signal fort envoyé aux responsables des crimes commis contre les journalistes ». Si les perspectives d’arrestation restent lointaines, cette enquête française pourrait ouvrir la voie à de futures actions judiciaires en Europe, voire à une mobilisation internationale plus large autour des crimes commis en Syrie.