Dissuasion nucléaire : Paris et Londres annoncent une coordination stratégique inédite pour protéger l’Europe

« Tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations », avertissent Paris et Londres dans une déclaration conjointe.

Cette annonce intervient à la veille de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni. Le président français et le Premier ministre britannique Keir Starmer doivent signer, jeudi, une déclaration officielle affirmant, pour la première fois, que leurs forces de dissuasion, bien qu’indépendantes, pourront être coordonnées. Une coordination qui n’altère pas la souveraineté de chaque pays sur l’usage de ses armes nucléaires, précisent les autorités.

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Un « groupe de supervision nucléaire » sera mis en place, coprésidé par l’Élysée et le Cabinet Office britannique, afin d’assurer un dialogue régulier autour des politiques, capacités et opérations stratégiques.

Ce rapprochement marque une évolution majeure depuis la déclaration de Chequers de 1995, dernier jalon en matière de coopération nucléaire entre les deux pays. À l’époque, Paris et Londres avaient souligné qu’aucune menace aux intérêts vitaux de l’un ne pouvait être envisagée sans concerner aussi l’autre. Mais cette doctrine n’évoquait pas explicitement les modalités de riposte.

Depuis, le contexte géopolitique s’est radicalement transformé. La guerre de la Russie contre l’Ukraine en 2022 a ravivé les craintes d’une instabilité durable aux portes de l’Union européenne. Par ailleurs, l’incertitude croissante sur l’engagement américain au sein de l’OTAN, en particulier sous la présidence de Donald Trump, a conduit plusieurs États européens à reconsidérer leur dépendance à la garantie de sécurité des États-Unis.

En renforçant leur coordination nucléaire, la France et le Royaume-Uni entendent envoyer un message clair : l’Europe dispose de moyens autonomes pour répondre aux menaces les plus graves.