Valls dévoile vendredi son plan contre le racisme et l'antisémitisme
15 avril 2015 à 16h50 par La rédaction
Trois mois après les attentats de Paris, Manuel Valls dévoile vendredi un "plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme", dont les associations attendent beaucoup face à la recrudescence des actes anti-musulmans et antisémites.
Le plan, qui vise à répondre aux inquiétudes et au sentiment d'insécurité d'une partie de la population, s'inscrit dans la lignée des annonces faites depuis les attentats de janvier, avec plusieurs volets, notamment juridique, pédagogique et numérique, a-t-on appris de sources proches du dossier.
François Hollande, qui a fait de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme une "grande cause nationale", avait déjà annoncé après les attentats un renforcement de l'arsenal répressif contre "tout propos de haine".
Du côté des associations, on se félicite de la volonté affichée, avec la montée en puissance de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), désormais rattachée à Matignon et plus au ministère de l'Intérieur.
C'est la Dilcra qui doit lancer l'appel d'offres pour décerner le label "Grande Cause nationale", offrant aux associations sélectionnées un soutien public, notamment pour leurs campagnes de communication.
De ce point de vue le plan pourrait marquer une vraie avancée, avec un montant évoqué de 100 millions d'euros sur trois ans, dont une quarantaine pour les associations, selon une source proche du dossier.
Les associations déplorent régulièrement la raréfaction des subventions publiques, accélérée en période de crise.
Pour Alain Jakubowicz, le président de la Ligue internationale contre racisme et l'antisémitisme (Licra), "il y a eu pas mal d'avancées sur ce sujet" ces derniers mois. "Après, reste l'application. Quelle sera l'impulsion, comment est-ce qu'on va transmettre sur le terrain cette volonté de s'attaquer à ce fléau de façon pratique, y compris sur les réseaux sociaux?"
Mêmes interrogations au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), dont la vice-présidente Bernadette Hétier souligne le rôle "essentiel" de "maillage" des associations. "Si le gouvernement veut vraiment qu'il y ait une lutte sur le terrain, pas à coup d'annonces mais chaque jour, il ne faut pas leur ôter le peu qu'elles ont", ajoute-t-elle.
Ce plan est annoncé alors que la France a connu une recrudescence des délits racistes: doublement des actes antisémites l'an dernier par rapport à 2013, et plus d'actes antimusulmans depuis les attentats parisiens que sur toute l'année 2014.
La semaine dernière, un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) avait souligné le maintien de forts préjugés antimusulmans, antisémites et anti-Roms, même si paradoxalement les Français se disent plus tolérants.
Le plan devrait effectivement comporter un volet pédagogique, avec des mesures venant compléter les annonces déjà faites sur la réserve citoyenne ou la "grande mobilisation sur les valeurs de la République".
Sur le plan juridique, l'idée est de rendre les textes plus efficaces. François Hollande avait déjà annoncé que des "sanctions plus rapides et plus efficaces" seraient prises, en souhaitant que "tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ne relève plus du droit de la presse mais du droit pénal".
Il avait également assuré que le caractère aggravant de la connotation antisémite d'un délit serait renforcée.
En ce qui concerne le numérique des annonces aussi sont attendues, visant à agir avec plus de force auprès des acteurs d'internet, qu'il peut être difficile de mobiliser sur ces thématiques.
Avec AFP