Un nouveau 1er mai sous tension attendu autour de la place Taksim d'Istanbul

1er mai 2015 à 0h22 par La rédaction

RADIO ORIENT

Les autorités turques ont une nouvelle fois interdit l'accès de l'emblématique place Taksim d'Istanbul aux défilés syndicaux du 1er mai, laissant présager, comme les années précédentes, d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

 

Dans une déclaration, le bureau du gouverneur de la plus grande ville de Turquie, Vasip Sahin, a expliqué que la place n'était "pas adaptée aux célébrations du 1er mai" et qu'il avait donc rejeté la demande des organisations syndicales de s'y réunir, évoquant des "risques à la sécurité des personnes et des biens".

 

Selon les médias turcs, au moins 10.000 policiers seront mobilisés pour interdire Taksim aux piétons et les stations de métro ou de bus qui la desservent seront fermés.

 

L'accès à cette place fait l'objet depuis deux ans d'un bras de fer entre le gouvernement islamo-conservateur turc et les syndicats.

 

En 2013, les autorités y avait interdit le traditionnel défilé pour des raisons de sécurité, arguant des travaux d'aménagement alors en cours. Des échauffourées avaient déjà opposé militants syndicaux et forces de l'ordre.

 

Un mois plus tard, la place, et le parc Gezi qui la borde, étaient devenus le coeur de la fronde contre le Premier ministre de l'époque, Recep Tayyip Erdogan. Pendant plus de deux semaines, des dizaines de milliers de Turcs y ont conspué son nom et réclamé sa démission, l'accusant de dérive autoritaire et islamiste.

 

Depuis, l'homme fort du pays, aujourd'hui président, a systématiquement interdit Taksim à toutes les manifestations, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

 

Mais les syndicats ont fait du libre accès à cette place une question de principe, en mémoire des victimes du 1er mai1977. Ce jour-là, des inconnus avaient ouvert le feu sur la place, provoquant la panique dans la foule et la mort de 34 personnes.

 

L'an dernier, les affrontements entre policiers et manifestants s'étaient soldés à Istanbul par 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel.

 

Jeudi, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a invité les syndicats à respecter les mesures de sécurité prises autour de Taksim. "Il ne faut pas donner l'occasion à ceux, aux groupes marginaux, qui veulent plonger ce pays dans le chaos de le faire", a-t-il mis en garde.

 

Le Parlement turc a voté le mois dernier une loi de "sécurité intérieure" qui a dopé les pouvoirs de la police contre les manifestants. L'opposition l'a qualifiée de "liberticide".

 

AFP