Tunisie/ANC : La motion de destitution de Marzouki jugée irrecevable
Modifié : 28 juin 2013 à 19h26 par La rédaction
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L'Assemblée nationale constituante (ANC) tunisienne a voté le 26 juin le retrait de la motion visant à destituer le président Moncef Marzouki. Les circonstances confuses du vote ont été dénoncées par l'opposition qui réclame le réexamen de la question.
Des signataires du texte s'étant désistés le 25 juin, une majorité simple de 99 députés sur 113 a jugé, lors d'un vote en plénière, que le texte de la motion n'était pas valable sur la forme. Immédiatement après le vote, la vice-présidente de l'ANC, Meherzia Labidi a levé la séance, malgré les protestations de l'opposition qui contestait d'une part la formulation de la question sur la validité du texte et d'autre part qu'une majorité absolue de 109 voix était nécessaire pour le retirer.
"C'est l'institution qui fait la loi qui n'applique pas la loi (...) la séance a été levée de manière tout à fait autoritaire et anti-démocratique", a dit à l'AFP Karima Souid, élue d'opposition et assesseur de la présidence de l'ANC pour les relations avec les médias.
La motion avait été déposée au printemps en raison de propos tenus par le président à l'antenne de la chaîne Al Jazeera. M. Marzouki avait estimé lors de l'interview que les "laïcs extrémistes" seraient menacés de "potence" en cas de nouvelle révolution. Le texte n'avait que peu de chances d'aboutir puisque le parti islamiste Ennahda et ses alliés, soutenant le président, contrôlent la majorité à l'assemblée. Par ailleurs, le président tunisien ne dispose que de prérogatives limitées, l'essentiel du pouvoir exécutif revenant au chef du gouvernement, Ali Larayedh du parti Ennahda.
Affirmant que l'initiative était "sans intérêt", Mouldi Riahi, du groupe de Ettakattol (centre gauche, allié des Islamistes) a estimé lors du débat mercredi qu'un président peut être destitué "pour haute trahison ou pour corruption, mais non pas pour une déclaration" à la presse.
L'ANC est vivement critiquée en Tunisie en raison de la lenteur de ses travaux et de l'absentéisme des députés notamment. Deux ans et demi après la révolution de janvier 2011, le pays attend toujours de se doter d'une nouvelle Constitution et d'institutions stables. Un premier débat sur le projet de loi fondamentale est prévu le 1er juillet.
Sources : TAP / Maghreb Emergent