Tourisme : Tunisie, Egypte et Jordanie bataillent en France contre "les amalgames"

27 septembre 2013 à 17h57 par La rédaction

RADIO ORIENT

En guerre contre "les amalgames", l'Egypte, la Tunisie et la Jordanie mettent les bouchées doubles sur la communication au salon des professionnels du tourisme Top Resa, à Paris, pour faire revenir les touristes français, décidément plus frileux que les autres.

 

Dans ces pays, le tourisme, vital pour l'économie, paye les conséquences du Printemps arabe et des crises qui s'enchaînent, entre troubles sociaux et guerres politiques et civiles, à domicile ou chez le voisin syrien.

 

Les Français comptent parmi les plus rétifs à retourner vers ces destinations, contrairement aux Britanniques, Allemands et autres Russes.

 

"Le touriste français fait de la géopolitique et il est têtu", estime René-Marc Chikli, le patron du syndicat des tour-opérateurs français Seto, en déplorant ces réticences qui coûtent cher aux pays concernés mais aussi aux voyagistes français.

 

"Aujourd'hui, notre trafic vers l'Egypte, c'est quasiment zéro", confirme Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

 

Aussi les dirigeants égyptiens, tunisiens et autres jordaniens sont-ils venus prêcher la bonne parole à Paris.

 

A peine débarqué de son avion, le ministre égyptien du Tourisme Hicham Zazou s'exprimait mardi devant la presse au salon Top Resa, puis à nouveau mercredi matin, expliquant que le Quai d'Orsay devait assouplir ses restrictions de voyage comme l'ont fait la Belgique, la Suisse ou "l'Allemagne hier soir", et pressant les touristes français de revenir enfin en Egypte.

 

"Oui, il y a eu quelques incidents malheureux au Caire", a-t-il dit, en allusion aux affrontements meurtriers de l'été entre partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi et forces de l'ordre. "Mais ils sont derrière nous." "Le problème actuel est égypto-égyptien" et "la situation est calme et stable à Louxor, à Assouan et sur la Mer Rouge. La vallée du Nil attend les touristes français", a martelé le ministre, en décrivant Louxor comme "une ville fantôme", où les Français amateurs de culture font cruellement défaut.

 

Des promos pour la Toussaint et Noël

 

A l'appui de son plaidoyer, un audit de sécurité par un cabinet indépendant français, présenté mercredi, conclut que "tous les dispositifs sont en place pour la sécurité des touristes en Egypte". Ce cabinet avait effectué un audit similaire en 2007 au Sri Lanka, en pleine guerre civile.

 

Le ministre égyptien a indiqué qu'il serait reçu jeudi au Quai d'Orsay.

En 2010, l'Egypte avait accueilli un record de 14,7 millions de touristes, avant de retomber à 10 millions en 2011. L'objectif est de 13 millions pour 2013. Mais la clientèle française a fondu en deux ans et demi, chutant encore de 50% en juillet. Pour relancer la machine, la compagnie aérienne Egypt Air compte offrir les billets aux enfants de moins de 12 ans à la Toussaint ou à Noël s'ils voyagent en famille.

 

Du côté de la Tunisie, même casse-tête face à la frilosité des Français, principale clientèle payante. "Depuis la révolution (début 2011), nous avons reçu plus de 17 millions de touristes et aucun n'a été attaqué ou blessé. Le secteur touristique est protégé par les Tunisiens. S'il y a une instabilité politique, cela n'affecte pas les touristes", a martelé le ministre Jamel Gamra.

 

La Tunisie multiplie depuis deux ans les efforts de communication mais la clientèle française a encore reculé de 22% depuis janvier. Moins de 600.000 Français sont venus en Tunisie cette année (au 10 septembre), contre 1,35 million en 2010 sur la même période. La crise profonde qui secoue le pays depuis l'assassinat d'un deuxième opposant politique cet été corse la donne.

 

Quant à la Jordanie, elle déplore "un gros amalgame" avec la situation en Syrie. "La Jordanie est sûre. Il y a des protestations mais personne n'est blessé. Nous refusons la violence", a insisté devant les journalistes Abed Al Razzaq Arabiyat, le directeur du tourisme jordanien.

 

Les Français sont la troisième clientèle européenne en Jordanie derrière les Britanniques et les Allemands. Mais seuls 42.000 Français ont visité le pays l'an dernier, contre 75.000 en 2010. Et le recul est de 13% depuis janvier.

 

Source : AFP