Syrie: l'intervention de la Russie "change la donne", selon Mogherini
Publié : 14 octobre 2015 à 11h43 par La rédaction
Les ministres européens des Affaires étrangères réunis lundi à Luxembourg ont exprimé leur inquiétude face à l'intervention russe en Syrie, appelant à une solution politique malgré des divergences sur d'éventuelles négociations directes avec le président Bachar al-Assad.
L'intervention russe en Syrie "change la donne", a dit la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini en arrivant à la réunion.
Elle a précisé que la situation en Syrie serait amplement discutée pendant la réunion, notamment ses "aspects préoccupants" comme "les violations de l'espace aérien turc" par des avions russes ou les frappes aériennes lancées depuis le 30 septembre.
Moscou affirme qu'elles visent en priorité le groupe Etat islamique (Daech) mais selon les Occidentaux, la vaste majorité des attaques se concentrent sur des zones d'où l'EI est absente, touchant l'opposition modérée et le front Al-Nosra, la branche d'al-Qaida en Syrie.
Les interventions dans le conflit "doivent être coordonnées, sinon cela risque d'être extrêmement dangereux non seulement d'un point de vue politique, mais surtout d'un point de vue militaire", a ajouté Mme Mogherini.
A l'issue de la réunion, les Européens devraient appeler unanimement Moscou à "cesser immédiatement" ses "attaques qui vont au-delà de Daech et d'autres groupes terroristes désignés par l'ONU, ou visent l'opposition modérée", selon le texte dont l'AFP a obtenu une copie.
Les ministres devraient appeler à "une transition inclusive et pacifique" en Syrie, sans dire si celle-ci inclut le président Bachar al-Assad. En même temps, ils estiment qu'il "ne peut y avoir une paix durable en Syrie sous le leadership actuel", selon le texte qui doit être publié à la mi-journée.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé dimanche que son objectif était de "stabiliser les autorités légitimes et de créer les conditions pour la mise en oeuvre d'un compromis politique".
Certains pays européens poussent de plus en plus ouvertement pour une négociation avec le président syrien Bachar al-Assad, une perspective rejetée avec force par la France et le Royaume-Uni.
"Je pense qu'ils est urgent de mettre en marche une négociation" et celle-ci "n'est possible que si le régime d'Assad est assis à la table, même s'il ne peut pas faire partie de l'avenir de la Syrie", a ainsi estimé le ministre espagnol José Manuel García-Margallo.
La "transition politique (...) doit se faire sans Bachar el-Assad", a répliqué le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Harlem Désir.
"La Russie doit contribuer aussi à cette solution politique" pour "permettre le départ de Bachar el-Assad et un régime qui rassemble l'opposition modérée qui n'est pas impliquée dans le terrorisme, et des éléments du régime actuel qui ne sont pas impliqués dans des crimes contre la population civile, dans le bombardement des populations civiles avec des barils d'explosifs ou avec des armes chimiques", a-t-il argué.
"Si nous essayons de travailler avec Assad, nous allons juste pousser l'opposition dans les bras de l'EI", a relevé le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond. "C'est tout à fait le contraire de ce que nous voulons", a-t-il ajouté.
Rejetant "Assad en tant que solution à long terme pour l'avenir de la Syrie", il a toutefois ajouté: "nous pouvons être flexibles sur la façon dont il partira, sur le calendrier".
"Nous sommes dans une phase de transition où on ne peut pas créer un vide", pour sa part souligné le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, rappelant le précédent de la Libye, plongée dans le chaos après la chute de Mouammar Kadhafi.
AFP