Le gouvernement marocain reçu à Paris "pour rallumer tous les moteurs" après la réconciliation

28 mai 2015 à 1h36 par La rédaction

RADIO ORIENT

Le Premier ministre marocain, l'islamiste Abdelilah Benkirane, et une douzaine de ses ministres seront reçus jeudi à Paris pour la 12e "rencontre de haut niveau" franco-marocaine, la première depuis la fin de la brouille diplomatique qui a entravé les relations entre les deux pays pendant près d'un an.

 

Ce séminaire vient clore la séquence politique des réconciliations élaborée par les deux pays au moment de la signature d'une nouvelle convention judiciaire fin janvier, qui avait permis de tourner la page de la dispute.

 

Outre un entretien entre le roi Mohammed VI et le président François Hollande à l'Elysée début février, les ministres français des Affaires étrangères Laurent Fabius et de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'étaient rendus au Maroc, de même que le Premier ministre Manuel Valls, en avril.

 

"On a réparé tout ça et après ce travail de réparation, il s'agit lors de cette réunion de rallumer tous les moteurs de notre relation bilatérale", résume l'entourage du Premier ministre français.

 

Des entretiens bilatéraux sont prévus dès mercredi soir, puis une autre série le jeudi matin entre les ministres français (dont Laurent Fabius, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira) et leurs homologues marocains, selon Matignon. Manuel Valls recevra lui M. Benkirane à 11H00, avant une réunion plénière avec tous les ministres à Matignon.

 

Doivent ensuite être signés une vingtaine d'accords bilatéraux, dont une déclaration d'intention portant sur une aide marocaine pour la formation d'imams prônant un "islam modéré", selon Matignon.

 

La querelle entre Paris et Rabat avait débuté avec la suspension par le Maroc de toute coopération judiciaire bilatérale après qu'un juge français avait demandé en février 2014 l'audition du patron du contre-espionnage marocain Abdellatif Hammouchi, qui fait l'objet de plaintes à Paris pour "torture".

 

La convention judiciaire amendée, qui avait permis le rabibochage franco-marocain, prévoit notamment des échanges d'informations renforcés entre Paris et Rabat.

 

M. Hammouchi, qui vient d'être nommé directeur général de la Sûreté Nationale marocaine, doit faire l'objet d'une promotion dans l'ordre français de la Légion d'honneur, mais la date de la décoration n'a pas encore été fixée.

 

La Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a appelé la semaine dernière au rejet du protocole d'entraide judiciaire entre la France et le Maroc, en raison de ses "ambiguïtés".

 

Plusieurs ONG - ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), Amnesty International France et Human Rights Watch - avaient déjà dénoncé cet amendement et appelé le gouvernement à y renoncer, une option immédiatement rejetée par M. Valls.

 

"Cette convention maintenant elle vit sa vie, on considère que le sujet est derrière nous", glisse une source diplomatique.

 AFP