Des opposants syriens réunis à Moscou avant des négociations avec le régime de Damas
Modifié : 26 janvier 2015 à 13h15 par La rédaction
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Des représentants de l'opposition syrienne étaient réunis lundi à Moscou par la diplomatie russe avant d'être rejoints mercredi par des émissaires du régime de Damas pour des pourparlers qui visent à renouer le dialogue après presque quatre ans de guerre civile.
Ces discussions interviennent alors que l'irruption des islamistes radicaux de l'organisation Etat islamique a modifié la donne en Syrie et poussé les Occidentaux, Américains en tête, à réfléchir à un changement de stratégie: le groupe radical, qui contrôle une partie de la Syrie et de l'Irak, n'est-il pas désormais un plus grand danger que le président Bachar al-Assad?
Des membres de l'opposition tolérée par Damas, notamment des représentants du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), sont réunis lundi et mardi dans une résidence du ministère russe des Affaires étrangères pour des discussions à huis-clos.
Les premières discussions ont commencé, comme prévu, à 11H00 (08H00 GMT), a indiqué le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence Ria Novosti. "Environ 25 membres de l'opposition sont là. Ils seront à terme une trentaine", a déclaré M. Bogdanov.
Toute l'opposition n'est pas représentée puisque la Coalition nationale de l'opposition en exil ne sera pas présente. La Coalition estime que ces discussions devraient avoir lieu sous l'égide de l'ONU et en pays "neutre", pas en Russie, soutien indéfectible de Damas.
Cinq de ses membres participeront toutefois à titre individuel. Parmi eux, Ahmad Jarba, ancien président du groupe et réputé proche de l'Arabie saoudite.
Une délégation du régime du président Bachar al-Assad, menée par l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, doit se joindre aux pourparlers mercredi, selon le quotidien al-Watan. M. Jaafari sera accompagné de six personnalités dont Ahmad Arnouss, un conseiller du ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, précise le quotidien proche du régime.
Cela signifierait que les discussions entre représentants de l'opposition et du régime ne dureraient qu'une ou deux journées, les pourparlers étant prévus pour durer jusqu'au 29 janvier.
Selon le chef de la diplomatie russe, il n'y a pas d'ordre du jour et pas de signature de document ou d'accord prévu. La réunion doit permettre de relancer le dialogue entre Syriens et aider le médiateur de l'ONU pour le conflit syrien Staffan de Mistura, dont le plan prévoit l'instauration de zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire en Syrie.
Mais l'absence d'une partie de l'opposition atténue très largement la portée des pourparlers.
Selon une source gouvernementale syrienne interrogée la semaine dernière par l'AFP, la délégation de Damas espère que les participants se mettront d'accord sur une feuille de route comprenant: la "lutte contre le terrorisme", des "réconciliations au niveau local" et des discussions sur un "gouvernement d'union nationale".
Pour leur part, l'opposition en exil comme celle de l'intérieur veulent discuter d'un gouvernement transitoire en vue de trouver une issue à la guerre qui a fait plus de 200.000 morts.
L'initiative de Moscou, allié traditionnel de Damas, intervient après les pourparlers de paix de Genève I en juin 2012 et Genève II en février 2014, sous l'égide de l'ONU et des grandes puissances.
En accueillant opposants et émissaires de Damas, Moscou poursuit son objectif: légitimer Assad, estiment les analystes interrogés par l'AFP.
Pour sa part, Washington soutient "tout effort" qui pourrait permettre d'obtenir "une solution durable au conflit".
Avant Moscou, plusieurs opposants syriens de l'intérieur et de l'extérieur avaient appelé à la tenue ce printemps au Caire d'une large conférence de l'opposition pour aboutir à un accord sur une solution politique mettant fin à la guerre civile.
Chose rare, se trouvaient à cette conférence des représentants du principal bloc de l'opposition syrienne toléré par le pouvoir, le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), des membres de la Coalition nationale de l'opposition en exil et des figures indépendantes.
Les participants ont établi un document en dix points, affirmant notamment qu'une solution politique à la guerre en Syrie "devait garantir un changement démocratique radical, condamnant la violence et la discrimination religieuse".
AFP