Des mosquées ouvrent leurs portes ce week-end pour défendre un islam de "concorde"

8 janvier 2016 à 17h47 par La rédaction

RADIO ORIENT
Un "thé de la fraternité" pour défendre un islam de "concorde" dans un pays ébranlé par les attentats jihadistes: des dizaines, voire des centaines de mosquées dans toute la France vont participer ce week-end à une opération portes ouvertes d'une ampleur inédite. Un an après les attentats jihadistes de janvier 2015 contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher, cette initiative est portée par le Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance représentative des mosquées en France. "Nous nous sommes interrogés sur ce que nous pourrions faire pour renforcer la concorde et la cohésion nationales à l'occasion de ces commémorations", explique à l'AFP le président du CFCM, Anouar Kbibech.  "Au lieu de s'attarder sur les actes tragiques, il nous a semblé plus utile et important de célébrer +l'esprit du 11 janvier+", celui des marches citoyennes géantes du dimanche ayant suivi les attentats, poursuit ce responsable. "Avec un objectif: créer des espaces de convivialité et d'échanges avec les fidèles de base et l'ensemble de nos concitoyens." Et en profiter pour "mettre en avant les vraies valeurs de l'islam, tordre le cou à ces clichés de liens avec la violence et le terrorisme". Ce "thé de la fraternité" prendra diverses formes, le samedi et/ou le dimanche: partage de boissons chaudes et de pâtisseries, visites guidées, débats, ateliers de calligraphie, invitation à assister aux cinq prières quotidiennes... - 'Séquence perquisitions' - De Lille à Nice en passant par Nantes, des mosquées ont déjà ouvert leurs portes pour promouvoir ce que beaucoup appellent un "islam du juste milieu". Mais cette fois l'opération est d'une autre ampleur, même si elle ne concernera pas l'intégralité des quelque 2.500 mosquées et salles de prières du pays. "Notre objectif n'est pas de réunir 100% des mosquées - il ne faut pas être trop ambitieux pour une première opération de cette nature -, mais que cela concerne l'ensemble du territoire national sur un week-end", dit Anouar Kbibech. Rappelant jeudi que "notre pays est toujours sous la menace terroriste", le jour d'une tentative d'assaut d'un homme armé tué devant un commissariat parisien après avoir crié "Allah Akbar", l'Union des mosquées de France (UMF), une organisation de terrain, a aussi appelé à l'opération portes ouvertes, jugeant urgent de "consolider le vivre-ensemble". La plupart des lieux importants liés aux fédérations - la Grande Mosquée de Paris (liée à l'Algérie), le RMF marocain, le CCMTF turc...- y participeront. Tout comme des associations ayant été au coeur de l'actualité récemment, comme la petite salle de prière saccagée à Noël dans un quartier populaire d'Ajaccio. Ou encore la mosquée de Lunel (Hérault), théâtre de vives tensions en 2015 dans une localité traumatisée par le départ d'une vingtaine de jeunes en Syrie et le décès d'au moins huit d'entre eux. "La mosquée de l'imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa", prédicateur ayant tenu des propos jugés obscurantistes, "ne s'est pas manifestée" pour participer à l'opération, a relevé le président du CFCM. Cet événement survient à l'issue d'une année marquée par une recrudescence des actes antimusulmans, certains visant des lieux de culte, même si leur augmentation a été bien moindre après les attentats du 13 novembre qu'à la suite des attaques de janvier. "A Auch, en août, je crois que c'est une première dans la République qu'une mosquée a été incendiée. Et les événements d'Ajaccio ont montré une libération de la parole raciste", a déploré mardi Anouar Kbibech lors d'un débat à l'Assemblée nationale. Des responsables musulmans ont par ailleurs contesté quelques perquisitions "musclées" parmi la vingtaine d'opérations de police menées dans des lieux de culte dans le cadre de l'état d'urgence. "Je crois qu'il faut dépasser cette +séquence perquisitions+", estime le président du CFCM qui, "face au risque d'amalgame et de stigmatisation", voit dans son "thé de la fraternité" un "geste d'ouverture". Qui, espère-t-il, pourrait devenir "un rendez-vous annuel". AFP