Dans la tourmente, les monarchies du Golfe reçoivent Hollande, allié "fiable"
5 mai 2015 à 11h47 par La rédaction
Dans la tourmente des crises régionales, les monarchies du Golfe réunies mardi à Ryad pour un sommet régional recevront François Hollande, l'occasion de souligner la relation de confiance qu'elles entretiennent avec Paris au moment où une certaine défiance s'installe avec Washington.
Le président français sera l'"invité d'honneur" de ce sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), invitation sans précédent pour un chef d'Etat occidental depuis la création de cette instance en 1981.
A l'ordre du jour: le programme nucléaire de l'Iran, grand rival chiite des monarchies sunnites du Golfe, la lutte contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie et la guerre au Yémen, conduite par une coalition sous commandement saoudien.
"Nous sommes maintenant un partenaire majeur de la région", s'est félicité un haut responsable français.
Pour preuve de cette lune de miel entre la France et les Etats du Golfe, le Qatar a pratiqué la diplomatie du portefeuille, achetant 24 avions de combat Rafale à l'avionneur français Dassault Aviation. Le contrat, estimé à 6,3 milliards d'euros, a été signé lundi en grande pompe à Doha en présence de François Hollande et de l'émir, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.
Il est une preuve de la "fiabilité" et de la "crédibilité" de la France dans la région, s'est d'ailleurs félicité M. Hollandeavant de quitter la capitale du Qatar.
Les monarchies du Golfe, à commencer par l'Arabie saoudite, louent la fermeté française dans la négociation avec Téhéran sur son programme nucléaire, soupçonné de dissimuler des fins militaires, doutant en revanche de celle de l'administration américaine.
"Je souhaite un accord, mais un accord solide, durable et vérifiable, qui empêche la prolifération nucléaire et garantisse la sécurité régionale", a encore réaffirmé M. Hollande dans une interview à la presse saoudienne.
De la même manières, les Etats du Golfe avaient approuvé sa volonté de "punir" le régime du président syrien Bachar al-Assad, accusé d'avoir employé des armes chimiques contre son propre peuple, s'inquiétant à l'inverse de la volte-face du président américain Barack Obama qui avait renoncé in extremis à intervenir militairement.
Idem en février 2011 lorsque le président égytien Hosni Moubarak avait semblé soudainement lâché par Washington.
A Ryad, où il est arrivé lundi en fin d'après-midi, le président français est entré d'emblée dans le vif de ces crises régionales par une rencontre avec le président yéménite en exil. Abd Rabbo Mansour Hadi a fui son pays en mars en raison de la guerre qui le déchire, se réfugiant en Arabie saoudite.
Le président français s'est également entretenu dans la soirée avec le roi Salmane d'Arabie saoudite, soulignant de nouveau, selon son entourage, la "fiabilité" de la France dans son soutien à la stabilité de la région.
Signe des temps: l'ensemble de la nouvelle direction saoudienne était à l'aéroport pour accueillir M. Hollande, le roi Salmane, son neveu, Mohammed ben Nayef, nouveau prince héritier, et son fils, le prince Mohammed ben Salmane, second dans l'ordre de succession.
Pour tenter d'empêcher une rébellion chiite, soutenue par l'Iran, de prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen, frontalier de l'Arabie saoudite, la coalition menée par Ryad multiplie les raids aériens.
Tous les Etats membres du CCG y participent, à savoir, outre l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, à l'exception toutefois du sultanat d'Oman.
Lundi, l'Arabie saoudite, dont la campagne aérienne marque le pas et qui fait l'objet de critiques croissantes, a annoncé qu'elle envisageait des trêves ponctuelles dans certaines zones du Yémen afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.
Hôte du CCG, le président brûle quelque peu la politesse à Barack Obama qui recevra les dirigeants de cette instance à la mi-mai aux Etats-Unis pour tenter de les rassurer sur l'accord-cadre conclu début avril avec l'Iran sur son programme nucléaire.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est également attendu en Arabie saoudite les 6 et 7 mai.
AFP