Décès du général Giap, héros de l'indépendance vietnamienne

5 octobre 2013 à 17h57 par La rédaction

RADIO ORIENT

Agé de 102 ans, Giap était considéré comme un héros de l'indépendance au Vietnam, bien que sa carrière politique ait été brisée par le régime.

 

Héros militaire de l'indépendance vietnamienne et artisan de la débâcle française à Dien Bien Phu, Le général Vo Nguyen Giapest décédé vendredi à l'âge de 102 ans. Il a été l'architecte des victoires du Vietnam communiste contre la France et les Etats-Unis, succès qui ont fait de lui une icône populaire malgré une carrière politique brisée par le régime communiste.

 

Le général Vo Nguyen Giap a infligé en 1954 dans la «cuvette» de Dien Bien Phu (nord-ouest) une cuisante défaite aux troupes colonisatrices françaises, événement fondateur de l'émergence d'un Vietnam indépendant et de la fin de la domination française en Indochine.

 

Pendant les vingt années qui suivent, ce fils de paysan lettré, à la maîtrise impeccable du français, continue de diriger ses troupes pendant la guerre du Vietnam contre les Américains et leurs alliés du Sud-Vietnam, jusqu'à la prise de Saïgon le 30 avril 1975.

 

Né le 25 août 1911 dans la province centrale de Quang Binh, Giap, fin connaisseur de Napoléon, n'était pas destiné à devenir un soldat. Mais les tactiques de cet autodidacte, formé à la stratégie militaire à coups de lectures, inspireront les combattants du monde entier pour des décennies. Venu étudier puis enseigner l'histoire à Hanoï, il s'enfuit à la fin des années 1930 en Chine. Il y rencontre l'«Oncle Ho», qui le charge de fonder l'armée révolutionnaire Viet Minh fin 1944.

 

Entre-temps, sa haine de la puissance colonisatrice n'a cessé de croître, alimentée par le décès de sa première femme dans une prison française. En 1945, Giap devient ministre de l'Intérieur du premier gouvernement auto-proclamé du Vietnam, avant de passer un an plus tard à la Défense, un poste qu'il conservera au nord plus de 30 ans.

 

Malgré sa victoire à Dien Bien Phu, son influence s'affaiblit après la mort d'Ho Chi Minh en 1969 et lors de la réunification du Vietnam, Giap n'est déjà plus chef de l'armée du Nord-Vietnam communiste.

 

En 1980, il est remplacé à la Défense, puis exclu du bureau politique du Parti communiste en 1982. Et sa mise sur la touche ne s'arrête pas là : il conserve son rang de vice-Premier ministre, mais est désormais chargé des Sciences, Technologies et du Planning familial. Il est finalement évincé du comité central du Parti en 1991. Pour les grands anniversaires de Dien Bien Phu, en 1994 et 2004, Giap refera toutefois des apparitions remarquées aux côtés des dirigeants. Et la célébration de ses 100 ans lui aura aussi valu une pluie d'hommages, les plus hauts dirigeants vietnamiens lui rendant visite à l'hôpital militaire où il était soigné depuis trois ans.

 

En 2006, il avait écrit que le Parti communiste «était devenu un bouclier pour les responsables corrompus». En 2009, il avait publié une lettre ouverte joignant sa voix aux critiques contre un projet gouvernemental très controversé d'exploitation de la bauxite dans les hauts plateaux du centre du pays.

 

Il laisse derrière lui sa deuxième femme, Dang Bich Ha, et quatre enfants. Sa fille aînée, née de son premier mariage, est décédée en 2009.

 

 

Source :AFP