Arabie: Mohammed ben Nayef, ennemi d'Al-Qaïda, futur prince héritier

Modifié : 23 janvier 2015 à 15h00 par La rédaction

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Mohammed ben Nayef, ministre saoudien de l'Intérieur nommé futur prince héritier, est le champion de la lutte contre Al-Qaïda, qui a permis d'affaiblir le réseau extrémiste dans le royaume et lui a valu d'être la cible d'un attentat suicide dont il a réchappé.

 

Sa nomination fait de lui le troisième plus important personnage du royaume, derrière le nouveau roi Salmane et le prince héritier Moqren, ses oncles. Elle marque l'entrée des princes de deuxième génération --les petits fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume saoudien-- dans la lignée de succession.

 

Ben Nayef, né le 30 août 1959, a été élevé dans l'ombre de son père, le prince Nayef, décédé en 2012 après avoir dirigé le ministère de l'Intérieur pendant 37 ans. Il était prédestiné, de par sa formation, à occuper ce poste à l'Intérieur.

 

Il héritera du ministère en novembre 2012 après un intermède de six mois assuré par son oncle Ahmed ben Abdel Aziz, devenant le plus jeune de sa génération à obtenir un poste aussi élevé.

 

Son cursus comprend une formation spécialisée dans la lutte contre le terrorisme dispensée par la CIA et parachevée à l'école locale du renseignement de Taëf, souligne un expert fin connaisseur des cercles du pouvoir en Arabie saoudite.

 

Sa formation de base a été effectuée dans une université américaine, dont il sort diplômé en sciences politiques. Il occupe son premier poste officiel en 1999 lorsqu'il est nommé assistant du ministre de l'Intérieur.

 

C'est à ce titre qu'il conduit la chasse implacable aux jihadistes d'Al-Qaïda à l'intérieur de l'Arabie saoudite.

 

Le réseau de feu Oussama ben Laden se livre entre 2003 et 2006 à une campagne d'attentats sanglants en Arabiesaoudite contre les symboles du pouvoir, les installations militaires et pétrolières et les expatriés occidentaux.

 

Mais il est largement anéanti par l'action des services de Mohammed ben Nayef. Les survivants trouvent refuge au Yémen où ils fusionnent en 2009 avec la branche locale du réseau pour créer Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) qui continue à être très actif au Yémen, voisin de l'Arabie saoudite.

 

Durant cette période, le prince Mohammed a réussi à "bâtir un solide réseau de lutte contre Al-Qaïda tant à l'intérieur qu'au niveau régional, avec des bureaux dans les ambassades de son pays", indique un spécialiste des affaires saoudiennes sous couvert d'anonymat.

 

Les Occidentaux "lui reconnaissent des succès dans la lutte contre Al-Qaïda. Souvent, ses services étaient les premiers à éventer des complots du réseau", ajoute cet expert.

 

Ce n'est pas un hasard si le prince a été la cible d'un attentat suicide, revendiqué par Aqpa. Le 28 août 2009, un insurgé saoudien d'Aqpa, qui se faisait passer pour un repenti mais avait caché des explosifs dans son caleçon, se fait exploser près du prince, le blessant légèrement.

 

Ben Nayef est le seul membre de la famille royale saoudienne à avoir été visé directement par un attentat d'Al-Qaïda.

 

Parallèlement à la répression, le prince a lancé un programme de réhabilitation à l'intention de membres repentis d'Al-Qaïda et d'anciens de Guantanamo, avec l'objectif de les réinsérer dans la société saoudienne.

 

Deux centres, l'un à Ryad et l'autre à Jeddah (ouest) qui portent le nom du prince Mohammed, tentent de réhabiliter ces personnes à coup de prêches religieux, de cours de culture générale, d'activités sportives et d'assistance psychologique.

 

Les spécialistes louent ce programme, même si un des responsables du ministère de l'Intérieur a reconnu en 2013 que 10% de ceux qui passent par les centres se livrent à nouveau à des actions extrémistes.

 

AFP