Algérie -Tibéhirine: après deux reports, Alger autorise la visite d'un juge français

4 septembre 2014 à 15h12 par La rédaction

RADIO ORIENT
La justice algérienne a donné son feu vert à une visite en octobre du juge français chargé de l'enquête sur l'assassinat des sept moines de Tibéhirine en 1996, après deux reports cette année qui avaient provoqué la colère de ce magistrat.

 

"Les autorités judiciaires ont donné leur feu vert à une visite les 12 et 13 octobre en Algérie" du juge français Marc Trévidic, a déclaré mercredi à l'AFP le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh.

 

Le magistrat antiterroriste, qui enquête sur cet assassinat, a dû reporter deux fois cette année cette visite, notamment faute d'avoir reçu l'invitation officielle d'Alger.

 

Le 9 juillet, M. Trévidic s'était montré excédé de ces reports: "il va falloir savoir si on se moque de nous", avait-il lancé sur la radio France Inter.

 

Après le second report en mai, M. Louh avait assuré qu'il n'existait "aucun différend" entre les justices algérienne et française concernant cette enquête.

 

L'avocat des proches des religieux, Me Patrick Baudouin, a salué l'annonce du ministre algérien.

 

"Je prends acte avec satisfaction de cette déclaration à caractère officiel du ministre algérien de la Justice, dont j'espère qu'elle engage les autorités algériennes de manière définitive", a déclaré Me Baudouin à l'AFP.

 

M. Trévidic et sa consoeur Nathalie Poux avaient obtenu en novembre 2013 l'accord de principe des autorités algériennes pour assister à l'exhumation des têtes des moines enterrées à Tibéhirine, et à leur autopsie dans le but de faire la lumière sur leur assassinat.

 

"La procédure d'expertise et d'autopsie sera assurée par des experts algériens", a précisé M. Louh.

 

Selon le ministre, le magistrat algérien en charge de ce dossier doit, de son côté, se rendre en France le 21 octobre pour mener des auditions.

 

Les moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé de Tibéhirine, près de Medea (90 km au sud d'Alger).

 

Le rapt avait été revendiqué un mois plus tard par le Groupe islamique armé (GIA) via un communiqué. Le 21 mai, un second communiqué annonçait l'exécution des religieux dont seules les têtes avaient été retrouvées neuf jours plus tard au bord d'une route de montagne.

 

Trois moines, qui avaient échappé à l'enlèvement, ainsi que des villageois, ont confirmé aux gendarmes l'implication du GIA dans le rapt survenu dans une des zones les plus troublées d'une guerre civile qui a fait environ 200.000 morts en une décennie.

 

 AFP